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  • Mathieu Guyot

Et si ça se passe mal ?

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by Mathieu Guyot



Des fois, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. On a beau recruter, intégrer, manager correctement, des fois, ça rate.


C’est frustrant, parce qu’on a l’impression d’avoir tout fait correctement. Et pourtant, ça coince. Rassurez-vous, ce n’est pas, entièrement 😉, de votre faute. Parce que l’apprentissage, ce ne sont pas que des process, des pratiques, ou des outils. Ce sont des relations humaines, avec toutes les limites que cela comprend.


Notre fatigue, nos angoisses, nos incompétences, et surtout, surtout, notre limite de temps.

Depuis 10 ans, j’anime des formations pour les maîtres d’apprentissage et j’enregistre un podcast sur le sujet. J’ai eu l’occasion de recueillir de nombreux témoignages de moments où ça a mal tourné. Et dans la très grande majorité des cas, les maîtres d’apprentissage qui ont rencontré des difficultés savaient ce qu’ils auraient dû faire. En théorie. Mais ils ont manqué de temps. Parce qu’il y avait d’autres objectifs. D’autres priorités. D’autres contraintes.


Malheureusement, autant on peut changer nos objectifs, autant on ne peut pas se rajouter du temps dans une journée.


Même Gandalf l’a dit « Tout ce que nous devons décider, c’est que faire du temps qui nous est imparti ».



Je vais donc utiliser les 10 prochaines minutes que vous m’accordez en lisant cet article pour aborder deux points qui pour moi sont essentiels quand ça commence à aller de travers avec son apprenti :

La communication, et la gestion de la rupture.




Ce qui va sans dire, va mieux en le disant.

Cette phrase, vous pouvez demander à mon équipe, je dois la dire au moins deux fois par semaine. On a même organisé une journée de travail autour de la thématique du feedback. C’est, selon moi, essentiel.


Parce que nous n’avons pas les mêmes lunettes.

Attendez... Quelles lunettes ? Oui, bon, je suis peut-être allé un peu vite là.


Ce que je veux dire, c’est qu’on voit notre vie à travers des lunettes : notre cadre de référence.

Notre éducation, nos croyances, et tout ce qui nous définit. La réalité telle qu’on la perçoit n’est pas la réalité. La cuillère n’existe pas (ça, c’est pour les fans de Matrix).


Le problème, c’est que notre apprenti n’a pas forcément les mêmes lunettes que nous. Si la réalité est la même, nous ne la percevons pas de la même manière. Nous n’allons pas réagir de la même manière.

C’est la raison pour laquelle il est vital de verbaliser clairement ce que nous pensons.

Supposer que l’apprenti a compris ce que nous avons en tête, c’est s’assurer d’un échec à un moment ou à un autre.

On va donc chercher à être le plus clair possible. On va encourager la reformulation. Et on va prendre le temps de répéter si c’est nécessaire.

De cette façon, on partage nos lunettes 😉


Le problème dans ce conseil, c’est qu’il va falloir quelques fois dire des choses assez désagréables. Parce qu’une consigne exprimée clairement, ça va.

Des félicitations formulées explicitement, ça va.


Mais quand une erreur est commise ? Quand le travail fournit ne correspond pas à ce qui est attendu ? C’est tout de suite plus compliqué de dire franchement les choses. En tout cas, ce n’est pas évident pour tout le monde.


Et pour ces situations, je vous encourage à regarder ce qui se fait du côté de la communication non-violente.

Il me faudrait une newsletter entière, et non un article, pour expliquer en détails ce que c’est, et je ne le ferai sûrement pas très bien.


En synthèse, c’est une méthode de communication qui permet à deux personnes de se dire des choses sans se hurler dessus, et sans ressentiment.

Il faut déjà que les deux personnes soient d’accord, pour s’exprimer honnêtement, et accueillir la parole de l’autre avec empathie. Et puis il faut respecter un schéma dans son discours :

  1. Expression des faits

  2. Expression des sentiments

  3. Expression du besoin

  4. Expression de la demande


Et on fait ça à tour de rôle, jusqu’à ce qu’on ait dit tout ce qu’on voulait.

Petit conseil que je vous donne si vous voulez tester : commencez à l’appliquer sur des éléments positifs. Quand on est en colère, ou triste, ou déçu, c’est plus difficile de prendre le recul nécessaire à l’application de cette méthode. Par contre, quand on va bien, c’est beaucoup plus simple.


On ne va pas se le cacher, même avec une bonne communication, il est des fois impossible d’empêcher la rupture. On peut même dire que dans certains cas, c’est préférable.

Alors comment fait-on ?


Le contrat d’apprentissage est un contrat de travail. Il a donc des conditions de ruptures qui sont expliquées dans l’article L6222-18 du code du travail.


Ces ruptures sont les suivantes :

 



Vous avez une question relative à l'apprentissage, vous souhaitez recruter un apprenti, ou vous former pour devenir incollable sur le sujet ?





 

1) La période d'essai


Je la mets entre guillemets parce que juridiquement, ce ne sont pas les mêmes règles que la période d’essai qu’on connait pour les CDI.


Ici, c’est une période au début du contrat pendant laquelle l’apprenti ou l’employeur peut imposer la rupture du contrat d’apprentissage. Elle dure les 45 premiers jours de travail effectif, c’est-à-dire uniquement le temps passé à travailler pour l’entreprise. On ne compte pas les repos, les périodes en formation, ni les arrêts maladie.


C’est une rupture qui est libre, donc sans obligation de préciser le motif de rupture, et qui s’impose à l’autre. Contrairement à une période d’essai classique, il n’y a pas de délai prévenance. En tout cas, pas juridiquement. Parce qu’humainement c'est une autre histoire ! Si vous utilisez votre droit de mettre fin du jour au lendemain à un contrat, il faudra qu’on rediscute de vos valeurs de façon non-violente.


 

2) La rupture d'un commun accord


Son nom est assez limpide. Vous n’avez pas envie de continuer, ça tombe bien, l’autre non plus.

Vous vous mettez d’accord sur la date à laquelle vous voulez arrêter, et vous l’écrivez. C’est tout.

Bien évidemment, comme pour toute rupture d’ailleurs, il est important de prévenir le CFA et d’informer l’OPCO. Mais ça, nous y reviendrons la semaine prochaine avec les acteurs qui vous entourent.


 

3) La démission


Ici, c’est l’apprenti qui impose la rupture. En respectant une procédure bien claire (information du médiateur de l’apprentissage, délai de 5 jours, information de l’employeur, délai de 7 jours), l’apprenti pourra rompre son contrat d’apprentissage. Attention, la démission doit être claire et non équivoque. Ça veut dire qu’il ne doit pas y avoir de doute. Je sais que la législation change sur l’abandon de poste et la présomption de démission, mais si vous m’emmenez sur ce sujet, j’en ai pour des heures, et je vais finir tout fâché. On va garder ça pour les commentaires 😉


 

4) Le licenciement


Oui, on peut licencier un apprenti. Mais pas pour n’importe quelle raison. Elles sont limitées, et énumérées dans le code du travail :

  • Faute grave

  • Force majeure

  • Inaptitude constatée par le médecin du travail

  • Décès de l’employeur dans une entreprise unipersonnelle

  • Exclusion définitive du CFA

Vous vous dites qu’il manque un motif, mais non. Le licenciement économique n’est pas possible en apprentissage. La seule situation financière qui amènera la rupture du contrat, c’est la liquidation judiciaire de l’entreprise.


 


Il existe d’autres cas de rupture moins courants, comme l’obtention du diplôme, ou la résiliation administrative. Si vous avez des questions sur ces sujets, vous pouvez les poser en commentaires, je me ferai une joie d’y répondre.

Pour finir, bien que le contrat d’apprentissage puisse être rompu, il faut se rappeler que ça va avoir des conséquences importantes.

Du côté de l’apprenti, il bénéficiera d’une période de 6 mois, sous statut de stagiaire de la formation professionnelle, pour finir sa formation ou retrouver un nouvel employeur.

Du côté de l’employeur, les aides à l’embauche s’arrêteront à la date de fin de contrat.

On évite donc de prendre ce sujet à la légère. Si vous rencontrez des difficultés, le meilleur conseil que je puisse vous donner, c’est de ne pas rester seul.


De nombreux acteurs œuvrent chaque jour pour sécuriser les parcours en apprentissage.

Lesquels ?


On en parle jeudi prochain dans un nouvel article.

(Cet art du teasing, c’est incroyable tout de même…)


 

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