- Laurence BANCEL-CHARENSOL
Ambassadeurs Worldskills - Un an après, que sont-ils devenus ?
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by Laurence BANCEL-CHARENSOL
Cloé Lemaréchal, Lisa Huboud-Peron, Evan, Juge, Alexis Soszynsky… Rappelez-vous, c’était il y a tout juste 1 an, nous vous parlions du programme Worldskills France et de ces champions, passionnés par leur métier.
Tous membres de l’équipe de France des métiers, ils voulaient être "utiles", "sensibiliser" à la formation professionnelle qualifiante et la valorisation de leur métier et ils avaient même des propositions pour les CFA !
MGACF les avait rencontrés à la veille de leur participation à la grande compétition des JO des métiers, WorldSkills Competition 2022 Special Edition.
On les a suivis tout au long de leur parcours. 39 médaillés et une 5ème place mondiale : ce qu’a réalisé l’équipe de France et en particulier, nos 4 champions avec leur équipe, est exceptionnel. L’équipe de France des métiers a porté haut nos couleurs et mis brillamment en lumière l’excellence de nos filières professionnelles !
Alors, on a eu envie 1 an après, de faire le point avec eux et de leur demander ce qu’elles et ils étaient devenus.

Cloé, Lisa, Evan et Alexis : chacune et chacun est ressorti enrichi de cette aventure exigeante !
Sans surprise, on a retrouvé des jeunes toujours aussi inspirants mais qui ont tant gagné en expérience, en expertise et en maturité que cela force l’admiration.
Ils ont tous gardé des liens avec les WorldSkills, certains au niveau régional, d’autres sont engagés au sein des équipes métiers pour aider les compétiteurs en lice pour la finale nationale. L’une d’entre elles est même devenue devenu ambassadrice Worldskills en tant que Champions Trust !
Ils sont engagés au sein de la direction de l’Engagement des Ambassadeurs créé par Worldskills France pour fédérer toutes les communautés des bénévoles qui font vivre le mouvement, promouvoir la compétition, les métiers, la formation professionnelle et l’Excellence grâce aux témoignages des anciens compétiteurs et experts, et pour améliorer la notoriété de LA Compétition des Métiers WorldSkills.
Ils nous parlent de leur expérience de la compétition internationale, de la force de l’esprit équipe et de ce que représente de porter le maillot de l’équipe de France.
CFA, entreprises, maîtres d’apprentissage, enseignants écoutez les parler de l’apprentissage et de l’alternance.
Ils partagent même leurs rêves les plus fous. Et comme ils ont tous trouvé un emploi, et nous révèlent leurs trucs et astuces dont certains sont de vraies pépites pour les candidats à l’apprentissage.
Devenir maître d'apprentissage, c'est simple. Mais comment devenir un BON maître d'apprentissage ? 👇🏼
Evan Juge, médaillé d’excellence, ambassadeur Worldskills et développeur fullstack au sein de la communauté mondiale des hackers éthiques !
MGACF : Bonjour Evan, merci de m’accorder cette interview. Tu es développeur fullstack. Un métier en plein essor et pour lequel beaucoup d’entreprise recherchent des jeunes compétents. Pourrais-tu décrire précisément ton métier ? Quel est son rôle ?
Evan : Je suis en effet développeur fullstack chez Yogosha, une Scale-up de 50 personnes dont le siège social et à Paris, mais avec des équipes dans le monde entier. Yogosha est un Vulnerability Operations Center (VOC), c'est-à-dire une plateforme accessible depuis partout qui permet de lancer et de superviser l’ensemble des opérations offensives de sécurité. Le tout, en s’appuyant sur une communauté mondiale de hackers éthiques, sélectionnée à travers un processus extrêmement rigoureux.
Pour simplifier, on peut dire qu’en tant que développeur fullstack, je m’occupe du design de l’application, de l’architecture de la base de données et de la logique.
Travailler en tant que développeur fullstack chez Yogosha ajoute une dimension supplémentaire : la sécurité, en effet, nous sommes une plateforme de gestion de vulnérabilité. Il faut donc, absolument, montrer l’exemple et avoir une plateforme extrêmement sécurisée.

MGACF : Evan Juge, tu es médaillé d’excellence international Worldskills 2022 et champion de France en web développement. Cette médaille d’excellence est le meilleur résultat de la France à l’international dans ton métier (Cette médaille d’Excellence, ce n'est pas du toc, on a vu que tu l’as testé !). Tu es aussi numéro 9 mondial en Web Technologies ! Bravo !
Après presque 1 an de recul que t’a apporté cette expérience unique et exceptionnelle dans ta vie de tous les jours ?
Evan : Cette expérience m’a apporté énormément de choses par rapport au temps que j’y ai consacré :
En une semaine de compétition et un entrainement d’1 à 2 ans, j’ai gagné 4 à 5 ans d’expérience professionnelle !
Techniquement cela veut dire que je connais bien différents langages de programmation, que je sais développer vite, résoudre des problèmes, gérer mon stress et expliquer. Je sais parler, lire et comprendre en anglais très rapidement.
Je sors de mes études, mais je suis aussi bon que quelqu’un qui a 5 ans d’entreprise. J’ai des réflexes que certains qui ont beaucoup d’expérience n’ont pas.
Développeur, c’est métier solitaire. On interagit avec peu de personnes. La compétition m’a changée : on est 50 dans l’équipe de France des métiers, il faut parler avec tout le monde : plombier comme styliste de mode en passant par le boulanger, cela constitue une diversité hyper enrichissante.
Je suis plus ouvert d’esprit qu’avant. La participation à la préparation Worldskills et les voyages de la compétition m’ont permis de voir qu’on peut faire autrement. Il n’y a pas un modèle de vie.
Depuis j’ai eu beaucoup de propositions de job et pour finir, j’ai un bon boulot.
MGACF : Quel est le moment qui t’a le plus marqué lors de cette compétition et pourquoi ?
Evan : Le souvenir que je garderai le plus longtemps… c’est le 3ᵉ et dernier jour de la compétition !
Le sujet tombe : c’est un sujet que j’aime. Il faut faire un jeu. Je me suis beaucoup entrainé sur ce type de sujet. Et là, j’ai trouvé directement l’architecture. Je savais en 10 mn où il fallait aller.
Le sujet était complexe et long à faire, après la lecture avec l’équipe métier, en vue de mes compétence / rapidité, on établit un objectif à 70%.
Je commence et à la moitié du temps, je suis déjà à 65%. Tout se passait bien. C’était fluide. J’ai fini le sujet à 90%, c’était incroyable !
J’étais dans ma bulle. Je ne voyais plus rien et je prenais un plaisir fou à coder et c’était hyper cool.

Après ? C’est le retour à la réalité ! Dans l’avion, ça va, on est encore avec l’équipe de France. Et chez moi, tout seul… J’étais au chômage ! Je me suis dit : « Qu’est-ce que je fais maintenant ? » J’ai pris une semaine de repos mais ce n’est pas simple de retrouver quelque chose à faire quand on s’est entrainé tous les soirs, tous les WE pour arriver à cela.
L’annonce des résultats ? Ce n’est pas marquant parce qu'on le savait presque. Je savais les erreurs faites et ce que j’avais fait. Devoir accomplit. On était content. Les dés étaient jetés.
Je dis « je et on » : « Je » pour ce que j’ai fait et « on » pour l’ensemble de l’équipe de la web technologie. C’est une victoire individuelle, mais c’est un travail d’équipe dans l’entrainement et la lecture des sujets. Encore merci à Gilles Granger, Arthur Eichelberger et Léo Delplanque
MGACF : Qu’as-tu fais depuis ?
Evan : J’ai cherché du boulot !
J’ai été contacté spontanément parce que ça faisait des mois que je disais aux employeurs de patienter. J’ai pris le temps d’étudier les propositions.
Le domaine de la cybersécurité est ultra porteur. Je voulais faire un boulot utile et dans le web ce n’est pas si évident de trouver cela. Je voulais en boulot en remote (télétravail). Le remote, c'est donc un collaborateur qui travaille à distance, d'où il veut et quand il veut, et c’est ça la liberté. Je voulais une bonne équipe. Et j’ai trouvé la meilleure !
Chez Yogosha nous sommes 50 : ce n’est pas une entreprise familiale, mais on est tous solidaires et on passe de super bons moments ensemble. Cette ambiance est dure à trouver et cela ne se voit généralement pas en entretien d’embauche.
Mais là, je l’ai vu tout de suite lors des 3 entretiens.
A quoi ça tient ? Quand ils parlaient de l’équipe, ils parlaient comme de gens dont ils étaient proches, de leurs amis. Il y a quelque chose qui fait cela. Beaucoup de choses sont mises en place. Même si on est tous en télétravail, on est plus proches que beaucoup de gens qui travaillent ensemble toute la journée.
MGACF : Tu es devenu ambassadeur Worldskills, de quoi s’agit-il ? Pourquoi cet engagement ?
Evan : Je porte les couleurs de Worldskills au travail, dans ma vie perso. Partout.
J’ai la chance d’être invité dans des réunions importantes, au Medef, à l’Elysée. On nous demande ce qu’on a fait et apporté. Il s’agit de montrer au Monde que Worldskills c’est un grand truc. Au même niveau que les JO pour le sport.
C’est important pour moi, comme ancien compétiteur de parler de la compétition. C’est moi qui ai fait la dernière épreuve en date et qui explique ce que c’est que l’équipe de France Worldskills et qui en ai les souvenirs les plus frais.
Je suis dans mon rôle d’expert adjoint aussi. Je me sentais redevable pour la compétition nationale. J’ai eu envie de redonner tout ce qu’on m’a apporté et de continuer à faire monter en compétences les compétiteurs régionaux et d’aider l’équipe de France à faire le meilleur classement européen en Pologne bientôt et lors de la prochaine compétition internationale.
MGACF : As-tu encore des contacts avec ton école ?
Evan : J’ai de très bons contacts avec MyDigitalSchool, mon ancienne école. Je suis un peu leur ambassadeur. Je participe à des évènements.
Ils veulent même que je vienne faire des cours. Mais pour l’instant, je ne me sens pas encore légitime pour devenir prof.
MGACF : En quoi pourrait-on t’aider à réaliser ton rêve le plus cher ?
Evan : Parler de Worldskills et venir voir ce que c’est. Il faut venir en 2023. Et venir à la compétition internationale à Lyon en 2024.
Sinon, mon rêve, c'est d’inventer un truc qui va changer le monde ! Mais ça personne ne peut m’aider…

MGACF : Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui souhaitent se lancer dans ce métier de développeur fullstack
Evan : Pas besoin d’être fort en maths. Pas besoin d’être fort à l’école, le code, c'est avant tout de la passion et un état d’esprit.
Ne pas avoir peur. Car c’est comme apprendre une nouvelle langue.
Du coup, il faut pratiquer. Il n’y a pas de secret.
Il faut être curieux et ne pas avoir peur de ne pas y arriver. Rien n’est impossible ! Il faut parfois découper en petits bouts. Mais il faut comprendre que si on prend Facebook par petits bouts, chacun peut refaire Facebook. C’est comme ça pour tout le reste !
MGACF : Et l’alternance ? Conseillerais-tu l’alternance ?
Evan : Pour moi, c’était le bon choix à faire au moment où je l’ai fait. La formation « initiale » ne me convenait plus. J’en avais marre des cours. Ils ne m’apportaient pas autant que ce que je voyais en entreprise.
Mais, il faut trouver la bonne entreprise. Avec les aides de l’Etat c’est plus facile.
Les entreprises qui sont intéressantes ne sont pas toujours celles qui le sont de prime abord.
Il faut chercher celles où on va le plus apprendre : dans une petite entreprise, il faut prendre en compte les missions et l’encadrement. Dans les grosses entreprises, les alternants sont souvent des exécutants.
Plus que l’entreprise en elle-même, il faut examiner ce que cela va apporter à l’apprenti.
MGACF : Et à ceux qui recherchent le premier emploi ? Que conseilles-tu ?
Evan : Ne pas craindre de viser haut. Au pire, on nous dit non. J’ai réussi à justifier que j’avais les compétences même si je n’avais pas l’expérience.
Expliquer ses projets. Ne pas craindre de se valoriser. Il faut se vendre. La personne en face cherche des compétences.
J’étais très organisé pour ma recherche. J’ai traité cela comme un projet, un travail. J’ai mis toutes mes compétences, mes outils, mon agenda. C’était un travail à temps plein. J’ai fait une cinquantaine de rendez-vous sur mon mois de recherche, des bien, des pas bien, mais à la fin, j'avais réponse à tout et mon discours était aux petits oignons.
MGACF : Un mot pour conclure ?
Evan : Venez voir la Compétition nationale des métiers qui aura lieu à Lyon du 14 au 16 septembre 2023. Et surtout, venez voir du 10 au 15 septembre 2024, la 47ème compétition mondiale WorldSkills à Lyon.
Et bien sûr suivez-moi sur LinkedIn : Evan JUGE
MGACF : Merci Evan Juge pour cet échange et pour tous tes conseils. Je te souhaite beaucoup de satisfaction dans ton nouveau post et bien-sûr on continuera à te suivre sur LinkedIn !
Lisa Huboud-Peron, la passion des relations humaines et le sens de l'équipe pour porter la consécration Worldskills en 2024
MGACF : Bonjour Lisa Huboud-Peron. Merci de m’accorder cet entretien. Tu es championne de France et médaillée d’excellence aux Worldskills, classée numéro 5 mondial 2022 dans la catégorie Hôtel Réception. Quelle performance ! Nous y reviendrons d’ailleurs au cours de notre échange.
Mais pour commencer pourrais-tu nous repréciser les arcanes de ton métier pour ceux qui ne connaitraient pas bien la différence entre réceptionniste et les autres métiers d’accueil du client dans un hôtel ? Quel est son rôle ?
Lisa : En effet dans un hôtel il y a de nombreux métiers d’accueil du client.
Les réceptionnistes d’hôtellerie ont de multiples compétences qui, dans certains établissements, peuvent être parfois partagées et réparties entre plusieurs personnes. Ce métier ne doit pas être confondu avec la réservation et la conciergerie.
Pour faire court, les réceptionnistes ont la charge de la relation client. Le réceptionniste doit s’adapter à toutes les situations. Il est au cœur de l’hôtel.
C’est un peu un couteau suisse. Il va être en relation avec tous les autres services.
Et c’est ce que j’aime dans ce métier. J’aime la relation avec les autres, pas seulement avec les clients, mais avec des collègues de tous les départements. Par la force des choses, il y a des personnes de tous les pays. Et c’est cela qui est riche.

MGACF : Les Worldskills 2022 furent la 1ère participation de la France à cette épreuve dans ta catégorie et la 1ère médaille ! Après Presque 1 an de recul que t’a apporté cette expérience unique et exceptionnelle dans ta vie de tous les jours ?
Lisa : A l’issue de ces 5 jours de compétition, je suis sortie essorée.
Je voulais la médaille d’or bien-sûr mais surtout je ne voulais pas repartir sans médaille.
J’étais aussi parmi les premières à passer parmi les autres membres de l’équipe de France. Et c’est une pression supplémentaire, comme un engagement vis-à-vis des autres, pour leur dire que c’est possible !!!
La compétition Worldskills apporte beaucoup de choses.
Elle conduit vers l’excellence. Pour chaque épreuve, chaque mot est pesé.
Il est impossible d’être au top pour toutes les mises en situation. Les critères d’évaluation sont très nombreux. Les résultats se sont joués à si peu de chose… Au critère prêt ! La moindre petite erreur peut être fatale. Une poussière m’a fait perdre ma médaille. 1 critère/2000 de mieux et j’aurai été sur le podium !!!
La compétition est aussi riche humainement.
Avec les Worldskills on s’ouvre davantage aux autres. D’une part, il y a les autres compétiteurs mondiaux dans ta catégorie et chaque compétiteur a des façons de faire différentes selon son pays. D’autre part, il y a aussi tous les compétiteurs mondiaux de tous les autres métiers, d’autres pays et d’autres cultures… Être en compétition et côtoyer ces compétiteurs internationaux, c’est encore plus riche que d’être avec des francophones, qui sont pourtant très différents dans leur manière d’aborder les choses.
J’avais tellement soif d’échanger avec eux... Pendant la compétition, on avait parfois envie de s’arrêter, de se poser et de discuter ensemble !
MGACF : Justement, la France est dans les mois qui viennent une terre d’accueil exceptionnelle pour de grandes manifestations internationales, et pas seulement pour les Worldskills. Je pense à la coupe du monde de Rugby 2023, aux JO 2024… Pourrais-tu nous expliquer comment la différence de culture dans la relation client est prise en compte dans la compétition ?
Lisa : Comment joue la différence de culture ? Hum… Celui qui a créé les sujets a été attentif à donner des détails sur ce qu’il fallait faire et sur les façons de les faire.
Par exemple, lorsqu’il nous était demandé de faire une recommandation (restaurant, visite…), il fallait que nous en donnions au moins deux, et pour chacune, il fallait expliquer comment y aller…
Et puis, on parle anglais et cela aide à communiquer avec les autres compétiteurs.
MGACF : En quoi es-tu différente depuis ta participation aux Worldskills ?
Lisa : Cela m’a appris sur moi. J’ai davantage confiance en moi. Je ne doute plus du tout.
Il faut dire que je m’y suis consacrée à 1000% : WE, vacances, soirées comprises.
Maintenant, je sais que quand je me lance dans quelque chose je peux y réussir !
Je suis aussi restée en relation avec beaucoup d’autres compétiteurs. On échange souvent. Et on se comprend.

MGACF : Quel est le moment qui t’a le plus marqué lors de cette compétition et pourquoi ?
Lisa : C’est un long parcours avec beaucoup d’imprévus qu’il a fallu surmonter.
D’abord, je me suis entrainée pendant 3 ans et la compétition a été annulée puis reportée à cause de l’épidémie de Covid-19. J’étais d’abord étudiante, puis j’ai occupé un job à plein temps. Ce n’était pas facile !
J’arrive enfin à la compétition. Le 2ème jour, je suis malade toute la nuit ! Le matin avec Muriel Majorel et Marc Rousseau : on partageait un temps de réveil musculaire avant le petit déjeuner. J’étais trop malade mais j’y suis allée quand même.
Il s’avère que je ne suis pas la seule à être malade ce jour-là. Il y a eu une vague d’intoxication alimentaire… certains candidats ont dû abandonner. Mais j’avais décidé de pas baisser les bras. Après tout ce parcours de préparation, il était impensable pour moi de ne pas concourir à cause d’une intoxication. En fait, j’ai dormi entre les épreuves et j’ai bien réussi ce jour-là !
Il y a également ce souvenir d’une épreuve collective : un entretien d’embauche groupé.
J’ai beaucoup aimé cette mise en situation. Mon expérience en entretien d’embauche m’a beaucoup aidée. Si bien même, que les autres compétiteurs sont venus après pour me dire qu’ils m’auraient « donné le job ». J’avais pris mon temps pour choisir mon emploi pendant la préparation et c’est ce qui m’a permis d’être embauchée à l’hôtel Costes et cette expérience m’a beaucoup servie.
Le jour des résultats aussi est un souvenir marquant !
On a fini les épreuves. On est allé faire la fête. Et c’est un peu comme si on avait oublié qu’on allait nous remettre des médailles. On est allés faire des balades ensemble.
Puis, on s’est tous trouvé dans notre tenue d’équipe nationale pour l’annonce des médailles. Je ne suis pas sur le podium… Mais j’entends le 1er nom qui sort pour la médaille d’excellence : Lisa Huboud-Peron ! J’étais trop contente !!!! La photo prise à cet instant est très belle !
MGACF : Qu’as-tu fais depuis ?
Lisa : Coté professionnel, j’ai changé d’emploi. J’ai quitté l’hôtel Costes. J’ai pris un bon mois de vacances. Je commence bientôt au Grand Mazarin, Rue de la verrerie près du BHV à Paris 4ème. L’ouverture est prévue le 4 septembre.
J’ai changé d’emploi car même si tout se passait bien, j’avais besoin, après les Worldskills, d’un chalenge en plus. Une ouverture cela va être intense et c’est une vraie nouveauté.
Le Mazarin est un très beau 5 étoiles, plus petit que l’hôtel Costes. C’est bien pour moi car il y aura beaucoup de choses à gérer : la restauration, un bar caché, un cabaret, un spa, une piscine, un restaurant du groupe JLM très festif et trendy dans Paris, une décoration atypique à l’ancienne mais moderne à la fois, extravagante… Quand on a un beau produit c’est agréable de le vendre.
Pendant deux semaines, je me suis familiarisée avec l’équipe et les outils. Mais comme l’ouverture a été reportée, j’ai pris un congé sans solde. On a eu le choix entre rester dans les bureaux à attendre, avec peu de choses à faire, ou bien aller dans un hôtel dans le sud faire la saison, ou poser des congés sans solde. J’ai travaillé en CDD à l’Hôtel Crillon en attendant. Je n’avais jamais travaillé dans un palace avant. Également en tant que concierge à Rolland Garros.
MGACF : Tu es devenue ambassadrice Worldskills, de quoi s’agit-il ? Pourquoi cet engagement ?
Lisa : Le métier de réceptionniste est tout récent et ce serait trop dommage que je sois la seule à le vivre. On est ainsi passé de 3 à 7 compétiteurs régionaux pour la compétition nationale.
On manque cruellement de personnel dans ce métier.
Représenter le mouvement Worldskills, c’est une préparation incroyable : anglais, cours personnalisées de grooming (tenue et présentation). Je n’aurais jamais eu cela en dehors de Worldskills. En termes de compétences c’est incroyable d’être encadré par des experts.
Sachant aussi que dans leur grande majorité ces experts sont des bénévoles, alors que dans d’autres pays les experts sont rémunérés ! Et même dans certains pays, les compétiteurs gagnent des maisons et des voitures ! Voir en France toutes ces personnes qui s’engagent, qui aident les compétiteurs, est très inspirant. Cet engagement c’est une vraie continuité pour moi, ça ma’ donné envie d’être ambassadrice et j’ai envie que cela ne s’arrête pas !
Je suis devenue experte adjointe nationale : on crée des sujets, les barèmes de notation. On a reçu les compétiteurs. C’est intéressant de se retrouver de l’autre côté de la barrière et de réfléchir et de trouver les moyens de faire pour que les sujets et l’organisation des épreuves soient justes et équitables.
Cela m’apporte de nouvelles compétences : en septembre 2023, il y aura énormément de personnes et de visiteurs. On va en tirer un ou une compétitrice pour la compétition internationale et européenne en fonction des résultats, du niveau d’anglais, de la disponibilité et de l’état d’esprit.
MGACF : As-tu encore des contacts avec ton école ?
Lisa : Je suis toujours en contact avec le lycée François Rabelais à Lyon, dans lequel j’ai préparé mon bac et mon BTS, Muriel travaille toujours là-bas. Je m’y suis entrainée.
J’adore aller dans les écoles pour expliquer la compétition, expliquer mon métier. Cela fait partie du partage.
Mais je ne compte pas forcément continuer mes études. Ce n’est pas ma priorité.
MGACF : En quoi pourrait-on t’aider à réaliser ton rêve le plus cher ?
Lisa : Mon rêve ? Que lors de la compétition internationale à Lyon 2024 on obtienne la médaille d’or dans la catégorie réceptionniste. Pour moi, c’était un tour d’essai ! La consécration c’est pour 2024 !
Pour cela, on se cale sur la compétition mondiale. On fait tout en anglais. On se dit qu’en réussissant la compétition nationale et en travaillant derrière, c’est un objectif atteignable.
MGACF : Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui souhaitent se lancer dans ce métier ?
Lisa : De s’écouter parce que dans ce métier on a des processus et beaucoup de choses ne sont pas écrites. Il faut donc être spontané. Pour trouver de bonnes solutions rapidement, il faut se fier à sa propre logique. Se faire confiance.
Savoir écouter les autres aussi. C’est super important. Être seule s’est bien, mais écouter les autres, les clients et les collègues c’est mieux.
Avoir envie de faire plaisir à l’autre. Et dans l’état d’esprit, il faut s’en donner les moyens. Même si on à la solution : un mot, une petite attention et ça fait la différence.
Bien travailler son anglais.
Avoir l’esprit d’équipe. Quand on travaille quelque part il faut prendre la place qu’on te donne. Chaque personne est un rouage et il faut se rendre compte que sans nous ça ne marche pas. Et comprendre aussi que ce qu’on fait dépend de nous-même et va avoir un impact sur les autres.
Avoir confiance en soi. Réussir ne dépend que de nous. Il faut se rendre compte que l’on a notre importance dans notre propre succès.

MGACF : Et l’alternance ?
Lisa : C’est une chance qu’on ait ce système là en France. Les écoles privées coutent très cher.
L’alternance c’est une super combinaison : faire ses études en étant payé. On acquiert de l’expérience, on paie son école, on touche un salaire et à la fin des professionnels cherchent des profils comme le nôtre.
Je n’en ai fait qu’un an et c’était super chouette.
MGACF : Et à ceux qui recherchent le premier emploi ? Que dirais tu ?
Lisa : Bien faire son Cv et sa lettre de motivation. Les recruteurs utilisent des logiciels pour trouver des profils : Paris - réceptionniste : il faut donc mettre ces mots clés dans son CV.
De se faire comme moi son dossier de candidature :
a) 1ere page avec la photo de l’hôtel ou de l’entreprise où l’on candidate,
b) CV,
c) Lettre de motivation.
d) Lettres de recommandation ou références
En annexe : des recommandations et toutes les pièces qui peuvent s’ajouter au dossier.
J’ai aussi créé un site internet avec un QR code sur mon CV qui renvoie sur un CV détaillé, mon expérience Worldskills et un CV LinkedIn que les recruteurs vont pouvoir consulter s’ils le souhaitent
Pour la recherche : sélectionner précisément et exclusivement les établissements qui nous conviennent. Par exemple je cherchais « hôtel 5 étoile Paris ». J’ai fait un gros tri !
J’ai transmis mes candidatures par la voie officielle : site internet. Mais ça c’est pour la forme. Parce que le système fonctionne mal par la voie officielle. Dans la réalité, ce qui fonctionne c’est de rechercher la page LinkedIn de l’hôtel et de chercher la personne qui sera ton responsable. Avec ce résultat, je pouvais envoyer en direct mon dossier à mon futur responsable.
J’ai ainsi eu des cas où la réception me proposait un entretien dans l’après-midi de l’envoi de mon dossier de candidature par mail directement au responsable, alors que pour le même poste, je recevais 3 jours après une réponse de la voie officielle qui disait que mon profil ne correspond pas à ce qu’ils cherchaient et qu’ils ne donnaient pas suite à ma demande d’entretien.
Cela ne garantit pas le recrutement mais au moins cela permet de se faire un chemin jusqu’à l’entretien !!!
MGACF : Quel joli mot de la fin ! Merci infiniment et bravo Lisa Huboud-Peron pour ton engagement et tous ces conseils donnés. On te souhaite une excellente ouverture au Mazarin et on ne manquera pas de te suivre sur LinkedIn !
Alexis Soszynski, l’art de la perfection en pâtisserie-confiserie et compétiteur dans l’âme : « Participer aux Worldskills est une aventure humaine irremplaçable ! »
MGACF : Bonjour Alexis Soszynski. A 23 ans tu es pâtissier chocolatier, champion de France des -23 ans et médaillé de bronze en Pâtisserie-Confiserie au concours des Worldskills 2022 à Lucerne.
Tu as un parcours extraordinaire que tu dois à ton travail, ta passion pour le métier, ta ténacité, tes skills et il me semble à tes proches. Tu as été formé au Lycée de La Providence à Orchies dans les Hauts de France. Tu es actuellement Chef de Partie au Bristol, à Paris. Que de chemin parcouru depuis notre dernier échange ! La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, tu préparais la compétition internationale des Worldskills. C’était l’été 2022.
Après presque 1 an de recul, que t’a apporté cette expérience unique et exceptionnelle dans ta vie de tous les jours ?
Alexis : Faire partie de l’équipe de France et participer aux Worldskills est une aventure humaine irremplaçable. On se fait des amis, on gagne des années d’expériences grâce au travail et à l’entrainement. On se construit un réseau professionnel à l’international.
Avec l’arrivée en équipe de France, l’aventure prend une autre dimension. On entre dans une équipe de 60 candidats qui, certes ne font pas le même métier, mais où tout le monde est passionné par ce qu’il fait. On poursuit les mêmes objectifs : celui de devenir médaillé d’or, de porter ensemble les valeurs d’excellence du savoir-faire français et de contribuer au classement de l’équipe de France parmi les meilleures équipes du monde. On en apprend sur d’autres métiers et d’autres pôles professionnels. On s’ouvre !

Crédit photo : Burno Laciack
MGACF : Quel est le moment qui t’a le plus marqué lors de cette compétition et pourquoi ?
Alexis : Le premier truc qui me vient, c’est le résultat ! Parce que la médaille de bronze exæquo avec la compétitrice canadienne, derrière les candidats de la Suisse (pays organisateur) et de l’Inde, c’est une immense déception sur le moment et dans les jours qui ont suivi ! Quand on sait la performance fournie pendant la compétition et tout le travail et l’entrainement avant : 14 heures de travail par jour et des mois, voire des années de préparation. C’est un énorme investissement ! On n’était d’ailleurs pas le seul pays déçu, et à ne pas se sentir à sa place dans ce classement. La Corée du sud était aussi très déçue.
La deuxième chose que je retiens, c’est le soutien des membres de l’équipe de France. On a beaucoup sympathisé entre les compétiteurs en particulier entre les compétiteurs du groupe alimentation (boulangerie, pâtisserie-confiserie, cuisine, service en salle).
Cette aventure humaine m’a aidé à surmonter la déception et a finalement pris le dessus sur le sentiment d’injustice. Car en tant que compétiteur, je ne fais pas forcément copain-copain avec mes adversaires, mais à l’international c’est différent, parce qu’on sait tous qu’il n’y a pas d’après. Les Worldskills, c’est l’épreuve finale !
Et comme il y a des pays qui cherchent juste à faire le meilleur résultat possible, de ce fait il y a plus de gagnants que de déçus.
Concernant les épreuves, seize compétiteurs étaient en lice pour un programme étalé sur deux jours comprenant la production d’un entremets à dominante framboise, un présentoir en sucre, deux personnages modelés en pâte à sucre, une pièce artistique en chocolat et des bonbons en chocolat.
Ce qui m’a le plus marqué c’est le dernier jour : la pièce artistique ! C’est la plus aboutie que j’ai faite. Je l’ai bien réalisée. Elle a symbolisé la fin de l’aventure worldskills. En la réalisant ce jour-là et sur le chemin du retour, je me suis dit : « ça y est c’est fini ! ». Cela faisait 5 à 6 ans que j’y pensais. Cela a représenté 3 ans d’entrainement intensif où je n’ai fait que cela. C’est venu clore la première partie de ma vie pro et personnelle, la fin d’un 1er chapitre.
MGACF : Attend, je ne comprends pas ! Explique-nous comment tu fais pendant les concours ? Quel est ton secret de champion ? Tu veux dire que ton esprit a le temps de penser à autre chose et à faire le bilan ?
Alexis : Non, Non ! Pendant les épreuves je suis hyper concentré, imperturbable, focus !
Mais j’ai tellement préparé, tellement répété les gestes des milliers de fois, que ça roule ! D’une certaine façon, je n’ai plus à réfléchir à ce que je fais, mais mon cerveau lui a besoin d’être occupé. C’est comme ça ! Alors je pense à plein d’autres choses. Cela a toujours été le cas depuis le 1er concours : ce sont comme des flashs. Je repense aux bons moments ou aux moins bons moments de la préparation, aux gens qui m’ont aidé, aux gens que j’ai rencontré, à ma famille. Cela m’aide et me permet de ne pas faire d’erreurs.
MGACF : Qu’as-tu fais depuis ? Que fais-tu depuis ?
Alexis : Je suis devenu chef de partie au Bristol en pâtisserie. Avec la vie et le rythme que j’ai eu avant, je suis au calme même si c’est très exigeant comme travail. C’est un équilibre de vie qui fait du bien.
Le travail au Bristol Paris, c’est pour faire évoluer ma carrière. Je n’ai postulé qu’à cet endroit-là. Je voulais une expérience dans un palace.
Un palace c’est complétement différent de la vente en boutique. Je peux m’amuser avec de super produits et de super réalisations. On se rapproche de l’état d’esprit des concours. On vise plus toujours plus haut : on a moins à produire, on a plus de budget. La clientèle exige un moment parfait : ce doit être beau, bon, bien réalisé.
L’ambiance me plait bien. Le chef pâtissier du Bristol Paris, Yu Tanaka, est très ouvert aux propositions, il est juste. J’avais déjà l’expérience des brigades car dans les grosses boutiques on est déjà organisé ainsi. Mais là je manage et je prends des responsabilités. C’est ma première expérience de management mais naturellement je me sens légitime à prendre le leadership.
Côté Worldskills, je suis impliqué au niveau régional. Je vais faire des sessions d’entrainement avec la candidate régionale.
Sinon, je suis déjà inscrit pour un prochain concours en 2024 ! Chut ! Pour l’instant je suis focus Bristol. Je veux remplir ma mission à 100% et profiter de la vie à côté. Le temps du concours, c’est l’année prochaine où je serai sur les 2 tableaux.
Depuis le mondial, je me suis ouvert. J’ai compris qu’il fallait un équilibre de vie. C’est bien d’être à mille à l’heure mais l’équilibre de vie est ce qui permet de rester stable dans la préparation et de limiter les bas. Et la vie ce n’est pas que les concours.
Toutes ces expériences me serviront pour l’après concours 2024. Je souhaite plus tard ouvrir des boutiques. J’aurai ainsi vu tous les aspects du métier : les boutiques, les concours et les palaces.
Mon objectif c’est d’être capable de servir des desserts à l’assiette sur des gros évènements prestigieux, dans les banquets, de viser une clientèle plus haut de gamme qui supposent des réalisations plus exceptionnelles et plus techniques.
Aujourd’hui ce qui m’anime, c’est de m’entrainer et me sentir entrainé quel que soit le domaine : faire du sport, m’entrainer en pâtisserie, préparer des salons, faire de la promotion, travailler avec mes partenaires sur des projets, concevoir des moules....
J’ai besoin de me sentir avancer avec mon nom. De promouvoir ma marque. Ma future marque. J’ai besoin de la faire évoluer. C’est ce qui m’anime !
MGACF : En quoi pourrait-on t’aider à réaliser ton rêve le plus cher ?
Alexis : Ah ah ! Venir acheter mes gâteaux quand j’aurai une boutique !
MGACF : Quels conseils donnerais-tu à des jeunes qui souhaitent se lancer dans ce métier ?
Alexis : Être passionné !
7 heures d’un travail que l’on n’aime pas c’est long !
A partir du moment où on a plaisir à faire les choses on ne voit pas le temps passer. Pendant des mois, j’ai passé 7j/7 à m’entrainer et pourtant les journées étaient trop courtes ! Cela me faisait plaisir de m’entrainer.
MGACF : Et l’alternance ?
Alexis : Je pense que l’intérêt des études en alternance dépend de l’adolescent. Pour ce qui me concerne la formation sur temps scolaire continu m’a permis de faire 6 stages en 3 ans. C’est-à-dire de découvrir 6 modes de fonctionnement et 6 structures en 3 ans. Mais le risque, avec la formation scolaire continue, c’est le manque de temps en entreprise. On a donc des jeunes qui sont moins productifs à leur entrée sur le marché du travail.
Ainsi, quelqu’un qui a envie d’être dans le monde professionnel et dans le concret, doit plutôt se diriger vers l’apprentissage. Pour moi à 15 ans, c’était trop tôt.
Pour finir, cela dépend donc de la personne. Tous les choix sont respectables. Pour aider un jeune à choisir, il faut poser les bonnes questions. Et être juste dans la présentation des deux tableaux.
En France, on a la chance de pouvoir entreprendre librement, de trouver des financements et de vivre de notre passion. Ce n’est le cas dans tous les pays.
MGACF : Merci Alexis Soszynski ! Bonne continuation à toi ! On va continuer de te suivre avec intérêt et te souhaiter beaucoup de réussite et de satisfaction pour tes prochains projets !
Cloé Lemaréchal ou le pouvoir de la résilience : une couturière Worldskills Champions Trust qui rêve de faire le tour du monde !
MGACF : Bonjour Cloé, merci de m’accorder cet entretien. Tu es une ambassadrice très particulière car tu as concouru à la fois dans l’équipe de Worldskills France pour l’édition spéciale de 2022 et aux Abylimpics à Metz en 2023. Pourrais-tu nous rappeler quel est ton métier et ta discipline ?
Cloé : Je suis couturière. C’est-à-dire une petite fée qui réalise les projets des stylistes. Les couturières ont la passion de travailler avec leurs mains. En France, il y a beaucoup de travail dans ce métier car notre pays a une culture de la mode et du savoir-faire. Il existe plusieurs types employeurs comme les maisons de couture, les façonniers, les sous-traitants…
MGACF : Que tu es modeste ! Tu es quand même Médaillée d’or aux Abilympics 2023 et Best of Nation pour la France aux Worldskills 2022. Ce n’est pas rien ! D’ailleurs, quelle différence y a-t-il entre les deux compétitions ?
Cloé : La médaille Best of Nation est une distinction dont la performance reflète le concept d’excellence en termes de valeurs humaines, d’investisment personnel, de détermination et l’abnégation tout au long de notre parcours. Elle est décernée à un membre de l’équipe de France. J’en suis très fière. Autant que de ma médaille d’or aux Abilympics !
Il n’y a pas de hiérarchie entre les deux concours. La seule différence c’est que les Abilympics sont une compétition pour les personnes en situation de handicap.
Il n’y a pas de graduation du handicap contrairement aux compétitions sportives. A Metz, tout le monde était mélangé, tous les compétiteurs, tous les experts. La seule chose qui est évaluée, c’est le travail à réaliser.

MGACF : Après Presque 1 an de recul que t’a apporté cette expérience unique et exceptionnelle dans ta vie de tous les jours ?
Cloé : Un cadre de travail, des techniques, un équilibre professionnel, des objectifs de vie et des rencontres exceptionnelles.
En fait, on n’apprend pas seulement à gagner des médailles. On apprend des techniques de haute couture, et de luxe, à réaliser dans un temps défini. On apprend à s’organiser car on est préparé à faire face à des situations inédites. On est capable de prendre des décisions et on est maître de notre destin alors qu’on est encore très jeune. On apprend à développer notre capacité d’éloquence à travers les médias.
MGACF : Quel est le moment qui t’a le plus marqué lors de cette compétition et pourquoi ?
Cloé : C’est lors d’un moment très difficile. Il a été raconté dans un épisode de Worldskills La série – Saison 2 – Mode & Création – Cloé (Partie 2/2). C’est lorsque Cyril m’a annoncé la nouvelle de l’erreur de la traduction des consignes. C’est ce qui m’a fait perdre toute possibilité de médaille alors que ma réalisation lors de l’épreuve de création a été saluée par des « Waouh !!! ».
C’était hyper difficile, pour moi, pour l’équipe mais ça nous a soudé. Ce n’est pas une erreur technique. Ce n’est pas une erreur professionnelle. C’est une erreur de l’équipe qui s’est trompée et qui a mal compris les consignes.
Worldskills La série – Saison 2 – Mode & Création – Cloé Partie 1/2
Worldskills La série – Saison 2 – Mode & Création – Cloé partie 2/2
Le retour en France a été hyper compliqué parce que j’ai tout donné lors de la préparation et de cette compétition et mon destin s’est joué sur quelque chose que je ne pouvais pas maîtriser. J’avais cette peur dans ma tête : la possibilité d’une erreur de traduction. J’avais identifié cette crainte, pendant la préparation. Et c’est cette peur qui s’est réalisée et qui m’a fait perdre la médaille !
Les 2 mois qui ont suivi ont été comme un trou noir, je n’ai pas pu m’entrainer !
J’ai fait tout sauf de la couture ! En dehors de mon travail, je ne faisais pas de couture.
MGACF : Comment as-tu réussi à surmonter cela et te remettre à préparer les Abilympics ?
Cloé : C’est mon équipe qui m’a aidée. Mon remède a été de tout faire pour gagner les Abilympics. Cette perspective a motivé le retour à la compétition.
Le déclic s’est produit pendant un temps de préparation physique organisé pour l’équipe de France des Abilympics et pendant cette préparation on a parlé, parlé, parlé… et cela m’a remotivée.
C’est grâce à l’équipe de France abilympics, à l’aventure humaine qui nous soudait que j’ai pu retourner m'entraîner sur les 2 derniers mois.
Les problèmes de traduction, c’est un problème commun à toutes les disciplines. Ne pas comprendre et passer à côté d’une consigne peut arriver à beaucoup de compétiteurs. Toutes les nations ne parlent pas anglais. On a donc enforcé l’anglais au cours de la préparation pour la prochaine compétition.
Car vraiment, je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu, et moi-même je me suis mise à l’anglais.
La fin de la compétition Abilympics, c’est la première fois que je fais une compétition à domicile avec un public français qui s'étaient réunis devant mon poste de travail et je peux vous dire que les 10 dernières minutes étaient intenses émotionnellement.
MGACF : Qu’as-tu fais depuis la fin des compétitions ?
Cloé : J’ai signé un CDI en tant que couturière dans une maison de haute couture et je continue avec les Worldskills. Je suis devenue experte adjointe et membre de Worldskills international en tant que Worldskills Champion Trust.
Je trouve que les Worldskills ne sont pas assez reconnues par le monde de l’entreprise.
Les grandes entreprises et les maisons de haute couture ne s’intéressent pas suffisamment aux Worldskills et à ce que cela peut apporter aux jeunes en termes d’expérience, de confiance. Il serait souhaitable que la valeur humaine et les compétences créées par cette compétition soient mieux utilisées après les épreuves.
Il y a quelque chose à travailler pour faire évoluer ce parcours.
Aujourd’hui, il faut s’améliorer sur la façon de mettre toutes ces compétences acquises au service des entreprises. Et chacun a son rôle à jouer sur cette question.
MGACF : Tu es devenu ambassadrice Worldskills en tant que Champions Trust, de quoi s’agit-il ? Pourquoi cet engagement ?
Cloé : En tant que Champion trust, je communique sur la compétition, je partage mes expériences. Le fait d’avoir fait les deux, Worldskills et Abilympics. C’est ce qui intéresse le plus les gens que je rencontre.
J’ai candidaté à ce rôle car j’ai loupé ma compétition Worldskills à cause de l’anglais, cette mission m’oblige à sortir de ma zone de confort et d’intervenir en anglais lors de manifestations ou lors de conférences. Je fais des interviews en anglais, et des vidéos de présentation sur la compétition pour promouvoir cette organisation internationale.
C’est un gros challenge. J’ai besoin de ça pour avancer. D’autant qu’on m’a dit plusieurs fois que je n’y arriverai pas en anglais. Certaines personnes me le disent encore aujourd’hui.
Il faut oser et ne pas s’arrêter aux paroles malsaines que l’on entend dans la vie. Ça me motive.
MGACF : En quoi pourrait-on t’aider à réaliser ton rêve le plus cher ?
Cloé : J’en ai deux.
Le premier c’est de faire le tour du monde !
Et le second de parler couramment anglais !
J’ai comme objectif de visiter un pays par an et d’exercer mon métier à l’international.
MGACF : Et concrètement ? Veux-tu que l’on lance une grande souscription pour toi pour te permettre de réaliser tes rêves ?
Cloé : Rire…
MGACF : Quels conseils donnerait tu à des jeunes qui souhaitent se lancer dans ce métier ?
Cloé : Qu’ils aillent au bout de leurs objectifs. Qu’ils se renseignent sur les différentes formations.
Qu’ils se donnent les moyens : de se battre pour ce qu’ils veulent, ça ne va pas arriver tout seul !
MGACF : Et l’alternance ?
Cloé : Le seul moyen dans notre métier c’est de faire de l’apprentissage ou d’être salariée et d’acquérir des compétences à valoriser.
Il faut foncer. Commencer le plus tôt possible, c’est très bien.
Si j’avais été en apprentissage dès 15 ans, j’aurais pu connaître et découvrir plein de métiers et de situations professionnelles concrètes.
MGACF : Et que souhaites tu dire à ceux qui recherchent le premier emploi ?
Cloé : Soyez spontané et restez naturel.
Quand on se présente à des entreprises dès le premier contact, il faut rester soi-même et ne pas se mentir sur qui on est vraiment.
Je dirais aussi aux jeunes de suivre leur rêve… et aux entreprises de faire confiance à la jeunesse et de nous laisser créer des projets. Il faut laisser la jeunesse s’exprimer.
MGACF : Merci Cloé Lemaréchal. Tu es une personne formidable. Nous ne manquerons pas de te regarder et de t’encourager d’aller toi aussi au bout de tes rêves !
La compétition nationale des métiers 2023 c’est maintenant !
Du 13 au 16 septembre 2023, à Euroexpo Lyon, ou sur les réseaux sociaux, ne laissez pas passer votre chance de découvrir les 69 métiers en compétition. Il est encore temps de s’inscrire !
Venez découvrir, soutenir, encourager et vous émerveiller devant la passion et l’excellence des jeunes compétiteurs, champions régionaux de leur métier.
Les compétitions nationales s’adressent à tous : élèves, étudiants, alternants, personnes en reconversion professionnelles, en groupe scolaire, en famille, en individuel… Le programme est riche : venez rencontrer les champions, les professionnels, et vous amuser en vous essayant à certains métiers !
Et qui sait, vous aurez peut-être envie de vous inscrire pour la prochaine édition ?
… En attendant la compétition mondiale Worldskills Lyon 2024 !
Du 10 au 15 Septembre 2024, ce sera la coupe du monde des métiers : et ce sera en France !
« la France invite le monde entier à « voir la vie en skills » à l’occasion de la 47ème compétition mondiale WorldSkills à Lyon. »
C’est une une opportunité inédite de valoriser les métiers et les formations.
Ancré dans un contexte économique inédit, cet événement d’ampleur internationale a pour ambition de mobiliser la jeunesse autour de la valorisation de l’excellence de ses compétences afin de répondre aux enjeux de notre société aujourd’hui et dans le futur.
Pendant une semaine, Lyon sera la capitale mondiale des métiers et mettra en lumière l’excellence des savoir-faire de la jeunesse comme soutien à la relance économique.
Les champions nous le rappellent dans leurs interviews. Il y a un enjeu majeur pour les entreprises et les CFA à mieux comprendre et valoriser toute la richesse de compétences tout comme la promotion des métiers générées par cette manifestation.
CFA, sponsors et volontaires : il est encore temps ! Renseignez-vous sur les Worldskills Lyon 2024 et vous aussi, devenez ambassadeurs de l’esprit Worldskills !
Un grand merci Cloé, Lisa, Evan et Alexis pour ce que vous représentez et toute l’inspiration que vous partagez auprès de tous !
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