- MGA Conseils & Formations
Les Worldskills
Dernière mise à jour : 7 juil.
Chaque mois, recevez par mail notre Newsletter "La Mensuelle de l'Apprentissage" !
Vous y retrouverez un résumé de nos articles récents et bien plus encore !
Ce sont de grands champions dans leur catégorie professionnelle. Ils sont passionnés par leur métier, ils veulent être "utiles", "sensibiliser" à la formation professionnelle qualifiante et ils ont même des propositions pour les CFA ! Alors que de nombreux secteurs professionnels sont en tension et que certaines professions et CFA peinent à recruter des candidats à l’apprentissage, MGACF a rencontrés des jeunes qui s’engagent pour la formation professionnelle qualifiante, l’apprentissage et la valorisation de leur métier au sein de Worldskills France. On vous raconte !

Dans le cadre de nos articles mensuels mettant en avant des acteurs œuvrant dans le domaine de l'apprentissage, nous sélectionnons soigneusement les organisations et outils que nous présentons. Nous privilégions ceux qui partagent nos valeurs et dont nous pensons qu'ils peuvent contribuer au développement d'un apprentissage de qualité au service des apprentis, dans tous les secteurs et à tous les niveaux.
Nous n’acceptons aucune proposition ou demande impliquant quelque rétrocommission. En cas de partenariat, nous le mentionnerons clairement dans l'article pour assurer la transparence.
Nous croyons fermement que la confiance et la transparence sont essentielles dans notre domaine d'activité, et nous nous engageons à respecter ces valeurs dans chacun de nos articles.
Worldskills Competition et Worldskills France, c'est quoi au juste ?
La WorldSkills Competition, sous l'égide de WorldSkills International, rassemble tous les deux ans, près de 2.000 compétiteurs de moins de 23 ans venus des cinq continents, pour s'affronter dans une soixantaine de métiers. WorldSkills France, association, régie par la loi du 1er juillet 1901, coordonne un vaste réseau d’acteurs, très engagé pour la promotion de l’apprentissage et l’alternance, la mobilité et la jeunesse des métiers.
https://www.worldskills-france.org/ Cette association prend une large part à cette organisation internationale. En premier lieu, elle impulse et coordonne les concours régionaux et nationaux, étapes de sélection pour constituer l’Équipe de France des Métiers…. Après les Finales Nationales, afin d’armer les compétiteurs français contre la pression et les exigences des compétitions internationales, WorldSkills France leur dispense un entraînement à la fois technique, physique et mental de haut niveau, encadré par des professionnels reconnus. Cette année, après l’annulation en mai, en raison de la pandémie, de la compétition qui devait se tenir à Shanghai, elle contribue WorldSkills Competition 2022 Special Edition (WSC2022SE) en organisant les concours de 6 métiers, (DAO-CAO, plâtrerie et construction sèches, construction digitale, robotique mobile, soins infirmiers et taille de Pierre) du 19 au 22 Octobre 2022 à Bordeaux.
Et ces jeunes compétiteurs, qui sont-ils ? Pour avoir gagné la médaille d’or au concours national de Worldskills France, ils sont devenus membres de l’équipe de France des métiers. Ils seront présents pour représenter la France lors de la compétition mondiale Worldskills qui se déroulera cette année en Europe, en Amérique du Nord et en Asie de l'Est de septembre à novembre 2022. MGACF a interviewé 4 d’entre eux. Ils ce sont des stars dans leur domaine professionnel. Et ils ont plein de bonnes idées pour les CFA !
Cloé Lemaréchal, compétitrice dans la catégorie Mode & Création
Championne de France en janvier 2022, elle se prépare activement aux Worldskills 2022 dans la catégorie « Mode et Création ». Elle nous dévoile ce que la préparation aux Worldskills lui apporte et la force mentale que lui a donné sa dyslexie.
On lui donne rendez-vous du 20 au 25 octobre 2022 à HELSINKI en FINLANDE et à Metz du 23 au 25 mars 2023 pour les compétitions Abilympics.
MGACF : Bonjour, Cloé Lemaréchal, Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
CL : Je suis Cloé Lemaréchal, j’ai 23 ans. Je suis Championne de France Mode et Création depuis le 19 janvier 2022
Je suis originaire VIRE, en Normandie. J’y ai fait mes études. Puis, après mon bac, je suis partie à TOURCOING dans les Hauts-de-France pour préparer un BTS métiers de la mode.
Après mon BTS, je suis allée étudier à Paris à l’Institut Français de la mode pour préparer un BP vêtement sur mesure Tailleur homme, en apprentissage, au sein de la boutique Zegna de Paris. J’y suis restée jusqu’en décembre 2021. Depuis je me consacre uniquement à la préparation des Worldskills.
Compétition internationale : (pour Mode & Création)
Du 20 au 23 octobre 2022 à Helsinki en Finlande (départ de France le 15 octobre et retour le 25 octobre)
Préparation physique et mentale équipe de France :
Du 18 au 22 septembre 2022 (site omnisport Vichy)
Du 31 janvier au 6 février 2022 (INSEP Paris)
Du 11 au 16 avril 2022 (base du Templ sur Lot)
MGACF : Pourquoi avoir choisi de concourir pour les worldskills ?
CL : J’ai rencontré ma professeur de BTS Isabelle JACQUOT qui participait déjà à cette aventure. Elle m’a dit « Cloé tu es compétitrice dans l’âme tu devrais t’entrainer pour les worldskills ». Avant d’accepter, je me suis informée sur cette compétition et j’ai décidé de tenter l’aventure.
Je n’ai pas gagné tout de suite, mais ça m’a ouvert des portes lors de la finale nationale de Caen. Cela m’a permis de devenir jeune espoir et ainsi me permettre de participer aux entrainements pour la finale internationale de Kazan 2019, qui a pour objectifs de prendre de l'expérience et surtout du recul. Et ainsi de pouvoir recommencer le processus de sélection française (les finales régionales, nationales et internationales).
Cela m’a permis aussi de rencontrer mon coach régional, Gael Hunault, ancien champion de France et des Hauts-de-France, catégorie mode et création.
MGACF : Et l’apprentissage ?
CL : L’apprentissage a été très formateur pour moi. J’ai commencé très tard et c’est un de mes regrets.
Cela m’a permis de me découvrir et de me confronter au milieu du travail. Pendant mon apprentissage chez Zegna, j’ai été intégrée au sein d’une équipe très familiale et très sympathique.
Je ne leur ai jamais vraiment précisé que je préparais les Worldskills. Ils l'ont appris très tardivement. Mais je sais que je tiens mon savoir-faire d’eux.
Je tiens à les remercier, ils m’ont ouvert grand leurs portes et chacun(e) a aimé me faire partager leurs passions pour leurs métiers, pendant ces 2 ans d'apprentissage.
MGACF : Que vous apporte la préparation aux Worldskills ? Qu’en attendez-vous ?
CL : J’en attends d’être fière de moi. De prendre confiance en moi. En 6 ans, j’ai acquis beaucoup d’expérience et j’ai pris beaucoup de décisions.
Avec les worldskills, tu prends conscience que tout le monde à la capacité de faire un métier et que ce qui fait la différence c’est le fait de croire en soi et de croire en ses objectifs ! Il y a des personnes qui nous accompagnent pour nous transmettre leurs métiers : ça tout le monde peut l‘avoir. Mais la capacité d’aller chercher au fond de soi la volonté de gagner, cela ne dépend que de toi.
Je suis dyslexique. Et être dyslexique c’est ma plus grande chance !!
D’ailleurs, on en a discuté avec les jeunes de l’équipe de France. On a tous, en moyenne, soit été refusés dans des formations post bac, soit on nous a dit que l’on n’y arriverait pas car notre dossier était trop moyen.
Mais aujourd’hui c’est une bonne remontada. Je suis la seule candidate en équipe de France pour les 2 compétitions : Abilympics (ça sera en mars 2023) et Worldskills 2022 !!! Je suis très sollicitée par des journalistes. C’est un métier dont on parle au quotidien et cela fait plaisir de partager avec des jeunes.
MGACF : Comment s’organise votre préparation ?
CL : C’est 8 mois de préparation intense, avec une équipe qui est là pour nous former. L’expert FRANCE (Cyril Gabillon) fixe le calendrier de la préparation à la finale internationale.
Je pratique l’athlétisme et plus précisément le 400m. Le sport est un excellent moyen de s'entraîner pour la compétition Worldskills.
Le 400m, se rapproche beaucoup des conditions dans lesquelles se déroulent le concours : on doit prendre des décisions très rapidement et gérer son stress. Tout se joue en une minute.
Ça m’aide aussi à me défouler. Ça fait partie de mon quotidien. On a aussi une préparation physique et mentale avec l’équipe de France de 1 semaine en avril et en septembre. Ces regroupements permettent de vivre des moments qu’on rencontrera pendant la compétition, de savoir réagir et de prendre des décisions, de gérer son stress. Cela permet aussi une cohésion d’équipe.


MGACF : Dans un monde idéal, comment un CFA pour vous aider à préparer les worldskills 2022 ?
Dans un monde idéal, la chose parfaite à faire pour les CFA serait de permettre au candidat d’avoir accès à une pièce où on a le matériel et qui serait en accès libre. Un lieu où on peut laisser des affaires pour reprendre plus vite l'entraînement la fois suivante.
Aujourd’hui, dans mon métier, les CFA ne sont pas forcément ouverts pendant les vacances, idem pour les entreprises. Et ce sont des contraintes.
Pour mon cas, mon CFA de l’Institut Français de la Mode m’a mis à disposition les locaux. J’ai eu accès aux outils.
MGACF : Avez-vous des sponsors ?
CL : Oui, Cela me permet d’avoir gratuitement des matières et de mettre en avant mon profil. (Maya Campus, Lycées Alexis de Tocqueville de Cherbourg, Confection Fléchoise,Hamon, Région Hauts-de-France, Textile du Maine, ...)

MGACF : Avez-vous une chose importante que vous voudriez rajouter ?
CL : Tous les jeunes qui veulent participer à ce concours doivent aller voir les compétitions à Bordeaux du 19 au 22 octobre et Lyon en 2024. C’est incroyable de pouvoir organiser cela en France.
D’ici là avec l’édition spéciale de 2022, Worldskills France co-organise la compétition avec 14 autres pays. On va accueillir 6 métiers en France à Bordeaux du 19 au 22 octobre (ndlr : la construction digitale, les soins infirmiers, la robotique mobile, le dessin industriel-DAO, la plâtrerie et construction sèche ainsi que la taille de pierre). Les jeunes doivent aller voir les candidats et soutenir les compétiteurs. Ce sera pour eux une occasion unique de s’enrichir et d’être stimulé pour participer par la suite à cette compétition.
MGACF : Merci Cloé ! Bravo ! Vous êtes une formidable compétitrice ! Nous serons parmi vos premiers supporters !
CL : Vous pouvez suivre mon aventure sur youtube “WEBSERIE WORDLSKILLS FRANCE” Saison 2 qui sortira en octobre 2022 ou sur Instgram: (@lemarechalcloe1)


Évan Juge, compétiteur dans la catégorie Web Technologies

Évan JUGE est doublement champion régional (Centre Val-de-Loire) et médaillé d’or national, en développement web. Il nous raconte son parcours et donne des pistes intéressantes pour les CFA qui veulent accompagner leurs apprentis dans l’aventure Worldskills Competition qui se tiendra à Lyon en 2024.
D’ici là on le suivra avec lors de la compétition WorldSkills International pour le métier WebTechnologies qui se déroulera à Ilsan, Goyang, dans la province de Séoul, en Corée du Sud. La compétition se déroulera sur 4 jours, Sud du 13 au 16 octobre 2022, avec 31 autres pays.
https://evanjuge.fr/CV_JUGE.pdf
MGACF : Bonjour Évan, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
EJ : Je m’appelle Évan Juge, j’ai 23 ans. Je suis compétiteur dans le métier « développement web ». J’ai commencé par un bac pro Systèmes numériques (Ex-SEN), option télécom et réseaux, à Orléans.
Dans le bac pro, les modules enseignés étaient très variés : réseau, informatique générale, développement, électronique, audiovisuel, plein de choses à découvrir. Et puis il y avait des stages qui permettaient de découvrir plus encore au contact des entreprises.
J’ai ensuite enchainé sur un BTS SIO, option SLAM (logiciel applications). C’est là que j’ai appris le développement web. J’ai fait plein de stages. J’ai appris la programmation. J’ai même développé une application mobile.
Après mon BTS, Je suis allé à la fac pour faire une L3 MIAGE. Mais cela ne m’a pas trop plu car être en amphi à écouter un prof parler, ce n’était pas mon truc… Mais notes étaient bonnes ! Alors pour la suite, j’ai préféré partir en l’apprentissage. Il me fallait quelque chose de concret. C’est comme cela que j’ai postulé et suis entré à MyDigitalSchoolRennes pour une formation de MBA développeur full-stack.
MGACF : Expliquer moi un peu : en quoi consiste votre métier ?
EJ : Le développement web, c’est l’art de faire des sites internet : l’affichage mais aussi le fonctionnement interne du site.
MGACF : Et l’aventure Worldskills, ça a commencé comment ?
EJ : Ma première participation à la compétition WorldSkills date de ma dernière année de BTS. J’ai commencé par les sélections régionales puis j’ai fini 3ème au national avec la région Centre Val de Loire. Avec cette place de 3ème, je suis rentré dans un programme appelé « partenaire d’entrainement » qui permet de préparer la compétition et de s’entrainer avec le titulaire de la compétition européenne ou mondiale du moment. Il s’appelle Arthur Eichelberger.
J’ai beaucoup appris grâce à lui.
Ensuite je me suis réinscrit pour la compétition de 2022, et cette fois ci, après la sélection régionale, j’ai gagné la médaille d’or à Lyon et rejoint l’Equipe de France des métiers !
MGACF : Comment vous préparez vous ? Qui vous accompagne pour ces Worldskills 2022 ?
EJ : On a eu les premiers rassemblements à l’Insep, comme des sportifs de haut niveau en janvier. On a même vu Teddy Reiner s’entrainer à coté de nous ! Ça remet les pendules à l’heure ! Ce fut une vraie prise de conscience : Vous êtes bien en équipe de France !!!
J’ai ensuite fait un séjour dans un centre d’excellence. Une semaine de préparation technique avec l’équipe métier constituée de Arthur Eichelberger, Gilles Granger et Léo Delplanque. Gilles Granger, lui c’est l’expert. Il a été médaillé de Bronze à Budapest (competition européenne) et meilleur résultat international pour le métier. Et j’étais aussi avec Léo Delplanque, titulaire de la prochaine compétition européenne. Il fait les mêmes choses que moi et cela nous permet de comparer nos méthodes et donc de progresser.
Léo est plus structuré mais je vais plus vite. Je fais du code plutôt orienté efficacité plutôt que lisibilité, c’est aussi ça la compétition, il faut savoir aller le plus vite aux points.
A l’Insep, en stage avec l’équipe de France, on fait de la préparation physique et mentale. Ça forge l’équipe !!!
Je suis aussi allé au Luxembourg où j’ai participé à la compétition nationale du Luxembourg. J’étais invité comme compétiteur international. Du coup j’ai fait les mêmes épreuves que les autres mais je ne participais pas au classement national. C’était en anglais ! Cette expérience internationale m’a permis de travailler des aspects moins techniques, comme la réflexion, les méthodes mais aussi la rapidité d’exécution.
Il y a aussi ma maitre d’apprentissage. Quand j’ai cherché mon entreprise, j’ai parlé de ma préparation aux Worldskills lors de l’entretien. Ma tutrice est la directrice de la start-up dans laquelle je travaille et ça m’a aidé pour les démarches administratives. Elle m’a suivi. Elle m’a aidé. Elle a toujours été derrière moi et m’a encouragé à avoir de la motivation pour continuer. Avec les 2 ans de covid ça a été dur…
Actuellement, j’ai terminé tous mes cours et mon travail. Avant, je devais poser des congés ou faire du sans solde pour m’entrainer. Maintenant je suis entièrement disponible pour préparer la compétition.
MGACF : En quoi les WorldSkills vous changent ?
EJ : Je suis devenu meilleur techniquement, évidemment ! J’ai aussi appris des choses moins évidentes : l’anglais technique, la gestion du stress, la concentration, la rapidité d’exécution.
MGACF : Pouvez-vous me raconter le truc le plus incroyable que vous ayez fait quand vous étiez apprenti ou lors de votre préparation aux worldskills ?
EJ : En 2019, la WorldSkills Competition s’est déroulée à Kazan, (Russie). Il y avait un exercice à résoudre en 1 heure. C’était une calculatrice à faire. J’ai lu l’énoncé et je savais qu’il y a une propriété expérimentale qui résout ce problème en moins de 10s, 1 heure de gagnée sur un sujet de 3, ça change la donne !
MGACF : Qu’est que l’apprentissage a changé pour vous ?
EJ : Ça m’a appris à être autonome et responsable.
Coté personnel, avant, je vivais chez mes parents. Aujourd’hui, je fais tout, tout seul. Ce fut aussi le début de la vie en couple !!!
Coté professionnel, j’ai été intégré à l’équipe développement d’une vraie entreprise avec des contrainte de délais. Si on échoue, cela entraîne des répercussions pour un client et pas seulement des mauvaises notes. Ça donne des responsabilités.
Quel est/était votre CFA ?
EJ : MyDigitalSchool est attaché au CFA de l’AFTEC. Mais je n’ai jamais eu de contact avec eux.
MGACF : Dans un monde idéal, comment un CFA peut aider un candidat à préparer les championnats de France et les WorldSkills ?
EJ : Cela dépend du métier. Certains métiers ont besoin de machines et ne peuvent pas s’entrainer chez eux. Dans ce cas, ce qui est important, c’est que le CFA mette à disposition des machines sur des horaires en dehors des cours et le WE et les vacances. En réalité, moi j’ai la chance de pouvoir travailler de chez moi ou de n’importe où !!! J’ai juste besoin d’un ordinateur et une connexion internet !!!
Mais dans l’idéal, j’aurais eu besoin d’un formateur pour m’aider à travailler sur des technologies spécifiques. Moi je n’ai pas d’expert en dehors de Gilles et d’Arthur.
Le descriptif technique du métier est validé à la compétition internationale d’avant (celle de 2019 pour les Worldskills 2022). Donc on n’a pas à connaitre les technologies les plus récentes. Mais ça suffit largement !
Donc, le CFA et l’école pourraient apporter des experts métier sur des technologies spécifiques utiles pour la compétition (par exemple le Framework Laravel). L’équipe métier a des connaissances mais ne sont pas experts. Un expert nous permettrait d’apprendre de nouvelles méthodes pour toujours aller plus vite.
Coté entreprise : Je me suis bien arrangé avec mon employeur. J’ai posé du sans solde et l’association WorldSkills a pris en charge mon salaire. En effet, Worldskills, indemnise l’entreprise pour les jours non travaillés. Toutes les entreprises ne sont pas d’accord avec ça. Aussi pour ceux dont l’entreprise refuse cette option, les candidats ont grillé tous leurs congés pour la compétition…
Et dans ce cas, le CFA pourrait appuyer la demande du jeune. Expliquer à l’employeur l’intérêt qu’il y a à soutenir l’apprenti dans son projet.
Et puis, il y a eu une semaine je devais aller à l’école mais ils se sont arrangés pour m’aider à rattraper les cours. Pour que ça ne pose pas de problème.
MGACF : Et après ?
EJ : J’ai une bonne semaine de repos prévue et puis je chercherai un travail. J’ai eu des propositions mais je verrai en octobre. Pour l’instant, je n’ai pas le temps de passer des entretiens.
Un mot de conclusion ?
La France est en retard sur mon métier. A l’international, c’est le deuxième plus gros métier en nombre de participants (derrière la cuisine), en France c’est plutôt dernier… Il faut plus de monde en France pour participer à la compétition dans le métier « web technologie ». Actuellement, seulement 4 régions présentent des candidats !!!. Or, plus il y a des compétiteurs et plus le niveau augmente.
Il faudrait que tous les CFA disent que ça existe et fassent la promotion de la Worldskills Compétition et que les jeunes s’inscrivent. En région Bretagne, il n’y a pas assez d’inscription dans ma spécialité donc ils n’organisent pas la compétition régionale. La prochaine compétition internationale sera organisée en France, il faut absolument qu’à la prochaine finale nationale il y ai plus de régions qui participent !!!
Alexis Soszynski, compétiteur dans la catégorie Pâtisserie-Confiseries

Avis aux gourmands, on vous présente Alexis Soszynski, champion de France 2022 en Pâtisserie-Confiserie dans la catégorie « moins de 23 ans ».
Il nous parle de sa préparation, de la force mentale nécessaire et de l’importance de l’accompagnement par l’équipe pédagogique des CFA et des entreprises partenaires, sans oublier sa famille. Une vraie leçon de vie !
On le suivra lors de la finale internationale à Lucerne en Suisse, du 10 au 15 octobre 2022. Il sera accompagné aux mêmes dates par la Boulangerie et suivi de près par la Cuisine et le Service de restaurant qui vont concourir à partir du 23 octobre dans la même ville hôte.
Bonjour Alexis Soszynski, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
AS : Je m’appelle Alexis Soszynski. J’ai 22 ans. Je suis originaire de la région Hauts-de-France.
Je suis champion de France des -23 ans et le candidat français pour devenir champion du monde de Pâtisserie-Confiserie.
J’ai un Bac professionnel en boulangerie-pâtisserie que j’ai obtenu en 2018 au lycée Notre-Dame de la Providence à Orchies (59).
J’ai complété ma formation avec un CAP de chocolatier-confiseur en 2019, toujours dans le même établissement.
Juste après ma formation initiale, j’ai commencé à travailler chez Christophe Michalak à Paris.
Puis, je suis parti 1 an en Bourgogne, pour occuper un poste de demi-chef de partie.
Depuis avril 2022, j’ai arrêté de travailler pour me consacrer à la finale mondiale.
MGACF : Vous avez fait le choix de ne pas faire d’apprentissage. Pourquoi ?
AS : Je suis parti dans la voie professionnelle par goût et non pas à cause de mes résultats.
J’avais de très bons résultats et déjà cette envie de terminer premier. Quand j’ai émis le souhait de devenir pâtissier au collège, certains professeurs s’y sont opposés. On m’a dit de m’orienter en filière scientifique. Mais ce n’est pas ce que je voulais faire.
Je n’ai jamais fait de l’apprentissage « pur ». Tout se passait sous forme de stages. C’est ce qui m’a plu car étant jeune, cela m’a permis de voir beaucoup plus d’entreprises et de techniques différentes. Et cela restait néanmoins dans un cadre scolaire (celui du bac pro, puis celui du CAP).
L’apprentissage est une bonne voie mais cela doit correspondre à la personnalité de l’étudiant. Il faut vouloir être dans le concret tout de suite. Dans ce cas, si on se sent prêt à entrer dans le monde professionnel à l’âge de 15 ans, il faut foncer dans la voie de l’apprentissage, sinon le lycée serait ennuyeux.
Il est aussi intéressant de discuter avec des gens qui sont passés par l’apprentissage pour être sûr que cela corresponde à ses attentes. Sinon, il vaut mieux attendre une année supplémentaire ou choisir une filière plus « classique » comme les formations continues.
Dans tous les cas il faut être motivé et ne pas y aller par défaut.
MGACF : La pâtisserie – chocolaterie, c’est une vocation en quelque sorte ?
AS : Oui, dans ma famille on fait souvent des repas chez moi et j’ai toujours aimé aider mon père à faire le dessert. J’ai aussi un grand-père qui adore cuisiner.
En comparaison de la cuisine, la pâtisserie me permet de créer des pièces artistiques et d’exprimer toute ma créativité. Les recettes sont beaucoup plus pointues. Et en chocolaterie encore plus. Tout est pesé.
Grâce à ce métier, j’ai la chance de pouvoir faire partager aux gens des émotions à travers mes réalisations ainsi que des moments conviviaux.
MGACF : Qui vous accompagne pour préparer ces Worldskills ?
AS : Tout d’abord j’ai une famille en or sur laquelle je peux compter en toutes circonstances.
Pour ce qui est des discussions techniques, je les ai plutôt avec mon expert international Philippe BODDAERT et mon expert adjoint Alexis SANSON ainsi que Laurent DOCTRINAL mon coach régional qui fait aussi parti de l’équipe.
C’est avec ces trois personnes que j’échange au quotidien sur les nouvelles idées et le développement des produits finaux. Ils m’aident à prendre des décisions, me conseillent et m’accordent énormément de temps.
La logistique aussi c’est important ! Mes parents et grands-parents sur qui je peux compter en permanence, font régulièrement des allers-retours si besoin avec du matériel qui me serait utile. Mon père a même fait 10 heures de route pour m’apporter mes casseroles De Buyer !
Mon frère est quant à lui aussi très impliqué dans ma préparation, grâce à ses compétences en informatique, il rend réalisable tout ce qui me passe par la tête.
J’ai la chance de me préparer au sein de l’école du Groupe Délice et Création que je remercie de m’accueillir. Ses locaux abritent une équipe formidable ! Merci à Sébastien, Benoît et Romuald de tout ce qu’ils peuvent faire pour m’aider.
MGACF : Et vous avez cherché et convaincus des sponsors de vous aider ?
AS : Oui. C’est compliqué cette phase de recherche de sponsors ! Ça prend du temps mais j’aime bien ça !
Le premier, c’était pendant le confinement en 2019. J’ai contacté la marque Le Nouveau Chef. Le dirigeant m’a répondu et redirigé vers le directeur France, Julien. J’ai expliqué mon projet et ce que cela pouvait apporter à l’entreprise en termes de visibilité sur les réseaux sociaux. Ils m’envoient gratuitement mes tenues professionnelles qui sont à mes yeux les meilleures du marché. Modernes, élégantes et confortables dans le travail.
Pour les autres partenaires, j’ai appliqué la même démarche.
Seules deux entreprises ont refusé les partenariats mais pour le reste, les entreprises contactées ont accepté de m’aider :
- La marque Nordways pour les chaussures professionnelles.
- Dynamic, une entreprise française située en Vendée qui fait des mixers plongeants professionnels.
- Anest Iwata une entreprise qui fabrique des pistolets à peinture pour pulvériser du chocolat !
- De Buyer spécialisée dans le matériel de cuisine. Ils me fournissent beaucoup de matériels et notamment des casseroles et des culs de poule avec lesquels j’irai au concours.
- SASA Demarle qui me fournit des Silpat et Flexipan en fonction de mes besoins.
- Barry Callebaut pour le chocolat.
Et il y aussi PCB Création en Alsace qui me fournit des éléments sur mesure et des feuilles de transfert qui me permettent d’avoir une affiche en chocolat au thème de la compétition.
Enfin, il y a Hydroprocess, spécialisée dans la découpe au jet d’eau qui me met à disposition des machines de démonstration pour découper mes pochoirs. Je peux ainsi leur demander de dessiner mes créations avec leur logiciel, que la machine va découper ensuite.
La compétition initialement prévue à Shangaï a été annulée mi-mai. Ils m’ont réaffirmé leur confiance et leur soutien. Ils ne me fixent pas d’obligation de résultat, ce qui me permet d’aborder le concours sans pression. Avec des sponsors, on se sent davantage soutenu !
MGACF : Et comment s’organise votre préparation ?
AS : La préparation a débuté quand j’ai quitté mon emploi au mois de mars
Début avril j’ai revu les bases en confiserie et pâtisserie. J’ai travaillé sur mes points faibles, notamment le sucre artistique.
MGACF : Vous avez eu connaissance de votre sujet, fin juillet. Comment ça se passe à partir de là ?
Les 3 premiers jours je suis resté dans ma bulle. J’ai pris le temps de la réflexion pour chercher les premières idées. Je n’en parle avec personne. Je fais des croquis.
Une fois que je sens que j’ai atteint les limites de mes premières inspirations, je suis plus ouvert pour avoir une discussion.
Je consulte ma famille et mon équipe. J’aime aussi dans ces moments-là les discussions avec des gens qui ne sont pas du métier. C’est très intéressant car ils n’ont pas d’imagination limitée par la technique. Si c’est faisable, on va chercher un moule ou une technique qui va permettre de réaliser cette idée.
MGACF : Et ce sujet c’est quoi alors ? Que pouvez-vous nous en dire ?
AS : On nous impose la réalisation de deux entremets à dominante framboise, avec un cahier des charges précis et des contraintes en terme de poids et plein d’autres détails. C’est déjà un élément qui permet de faire la différence en fonction de ceux qui lisent plus ou moins bien le sujet.
C’est seulement dans un second temps qu’on échange avec l’équipe et notamment avec mon expert qui représentera la France au jury de la compétition. Puis on fait les premiers essais au laboratoire.
Un labo juste pour moi. C’est l’un des laboratoires de démonstration de l’entreprise Délice et création, un distributeur dédié aux artisans boulangers pâtissiers qui appartient au groupe Pomona.
J’y passe tout mon temps.
Je m’entraine sur des recettes qui peuvent se marier avec de la framboise. L’objectif est d’apporter de la technique sur les créations.
Les journées sont longues. Beaucoup d’essais et d’échecs. Car il ne faut pas apporter que du déjà vu mais une technique rare ou très élevée, ou bien créer une nouvelle technique.
Quand je rentre chez moi, je réfléchis encore sur les pièces et le sujet.
Il y a des jours avec et des jours sans. Mais même quand suis en manque d’inspiration : je continue de chercher.
MGACF : Vous pratiquez un sport ?
AS : Plus en club mais je garde une préparation physique.
On est des compétiteurs de haut niveau et il faut se préparer physiquement et mentalement.
Je fais de la course à pied, du vélo, de la natation pour rester en forme et m’aérer l’esprit.
MGACF : Pouvez-vous me raconter le truc le plus incroyable que vous avez fait quand vous étiez apprenti ou lors de votre préparation aux worldskills ?
AS : En termes de préparation, j’étais fier du travail qui a été fait à la finale nationale de Lyon concernant la pièce en chocolat et la confiserie.
Et lors de la première phase de la compétition à Avignon où le thème était le Far West ! Je suis fier des 2 bonbons chocolat que j’ai réalisé où j’ai réussi à apporter une technique nouvelle avec un bonbon moulé qui avait pour décor un coucher de soleil sur Monument Valley. J’ai eu l’idée mais cela n’a été rendu possible que grâce à l’aide de l’entreprise Hydroprocess. Quand j’ai suggéré l’idée au directeur il a eu peur de ne pas réussir à faire quelque chose d’aussi petit. Mais pour finir on a réussi et cela lui permet de présenter cette réalisation à ses clients.
MGACF : Quels conseils donneriez-vous au CFA pour faciliter la réussite de leurs candidats aux Worldskills ?
AS : Pour réussir, les compétiteurs doivent être accompagnés par les CFA et les entreprises.
Les deux doivent accepter de donner accès aux laboratoires en dehors des heures de travail. Il faut faire confiance. Un concours, c’est d’abord souvent vu comme une charge financière : les matières premières, l’eau ou encore l’électricité et souvent ça fait peur. C’est un investissement.
L’accompagnement, c’est important surtout à cet âge-là. On est très jeune. On était plusieurs à faire des concours au lycée et il y avait des profs comme Mr Maillard et Mr Mastain qui prenaient sur leurs vacances pour être là avec nous.
Le maître d’apprentissage joue aussi un rôle important dans la préparation du candidat.
Mon expert Philippe est enseignant au CEFRAL de Dunkerque et mon coach régional Laurent est professeur à la CMA des Hauts-de-France de Laon.
Pour ma part, je retourne souvent dans mon ancien lycée à Orchies afin de revoir mes anciens professeurs et aussi les locaux de mes débuts.
MGACF : Un mot de conclusion ?
AS : Il faut être passionné. Par moment avec la fatigue, les échecs, l’investissement financier… c’est très dur. La passion, c’est la seule chose qui motive en cas de doute ou de démoralisation.
Il faut être persévérant sans être buté. Être discipliné et rigoureux.
Et il faut parler de ses difficultés. Il n’y a pas de honte à demander de l’aide. Au contraire. Quand on ne sait pas… on ne sait pas. Et l’égo peut empêcher la réussite. Demander de l’aide permet d’évoluer plus rapidement.
Apprendre de ses erreurs et des erreurs des autres, c’est tout aussi important, parce que les autres ne commettent pas les mêmes erreurs que nous. On va trouver les solutions tout de suite si on s’en imprègne.
Il faut être déterminé. Quand on va chercher l’or, il faut être une machine !!!
Actuellement je ne travaille pas. Personne ne me dit de me lever le matin. Mais je m’entraine sans relâche. Le travail théorique ne doit pas être trop long, il faut rapidement passer à l’action. Moins on agit et plus on perd confiance, le doute s’installe. On perd du temps et de la motivation. Alors qu’en agissant les idées viennent toutes seules.
A tous les jeunes motivés et déterminés, croyez en vous et vos projets se réaliseront !
Lisa Huboud-Peron, compétitrice dans la catégorie Réceptionniste d'hôtellerie

Elle est médaillée d’or pour le métier de réceptionniste d’hôtellerie. C’est la première fois que la France sera présente aux Worldskills dans cette catégorie. Elle raconte sa préparation en tant que première représentante de ce métier de service au sein de l’équipe de France. Elle nous dit l’importance du rôle des CFA pour promouvoir les Worldskills et accompagner les compétiteurs.
MGACF : Bonjour Lisa Huboud-Peron, merci de nous accorder cet interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
LH-P : Bonjour, je suis actuellement réceptionniste d'hôtellerie à l’Hôtel Costes. Je suis médaillée d’or depuis janvier 2022 et vais représenter la France aux Worldskills pour le concours « métier de réceptionniste d’hôtellerie » à Montreux du 6 au 9 octobre 2022.
MGACF : Ce métier est nouveau au sein de la compétition internationale. Il est apparu pour la première fois lors l’édition de Kazan en 2019. C’est un métier qui vous passionne. Que pouvez-vous en dire à tous ceux qui n’en connaitraient pas toutes les spécificités et toute la technicité ?
LH-P : Le métier de réceptionniste, c’est un peu moins concret que la plupart des autres métiers en compétition. On ne produit rien, rien de tangible en tout cas. C’est un métier de service. Mais c’est un métier qui peut faire toute la différence avec un client dans un hôtel.
On a des activités en front (réception des clients, information des clients…) mais également en bac (réponses aux mails, aux commentaires clients…).
Le métier est passionnant car on travaille sur de l’humain. On travaille aussi avec une équipe.
C’est un métier qui suppose des compétences variées : être réactif, être à l’écoute, savoir bien se tenir, bien s’exprimer, avoir de l’empathie, être multilingue.... On est la première personne que le client rencontre lorsqu’il arrive et la référence pour les échanges avec l’hôtel.
Le réceptionniste va organiser tous les autres services autour de ce client. Si une information est mal passée, cela peut tout désorganiser. On doit aussi être flexible, capable de résoudre des problèmes. Ne pas dire non, mais proposer une solution lorsque la demande du client ne peut être satisfaite. Si la demande dépasse nos compétences, on doit aussi savoir faire le lien avec les autres personnes en responsabilité au sein de l’équipe.
On dit souvent que les réceptionnistes sont les chefs d’orchestre de l’hôtel.
MGACF : Vous avez un parcours qui alterne statut scolaire et alternance ainsi qu’une expérience à l’étranger (Barcelone) : Pouvez-vous nous donner les raisons de ce choix et nous dire ce que vous retirez de ce parcours hybride ?
LH-P : Après la 3ème, je ne savais pas comment m’orienter. J’étais bonne élève. J’ai fait plein de tests sur internet et en fouillant, j’ai trouvé le bac STHR (sciences et technologie de l'hôtellerie et de la restauration) en 3 ans. Ce n’est pas trop spécialisé, on découvre vraiment plein de métiers (l'accueil, de l'hébergement, de la restauration et du tourisme).
Puis j’ai fait un BTS MHR (management en hôtellerie-restauration). La première année est en tronc commun avec un stage de 3 mois.
Le stage, c’est le début de la découverte du terrain et de l’opérationnel. Mais je souhaitais aussi un environnement qui me permettrait de pratiquer une langue étrangère et de m’immerger dans un autre pays. De découvrir autre chose. L’Espagne c’était finalement une bonne option plutôt qu’un pays anglophone, car j’ai beaucoup parlé anglais et espagnol. Avec le français, cela me permet maintenant de bien maitriser trois langues.
Comme le BTS n’est pas reconnu à l’étranger, j’ai eu envie de poursuivre avec une licence et en même temps d’avoir un pied dans l’entreprise. Je me suis ainsi inscrite en Licence professionnelle "Direction des Services d’Hébergement en Hôtellerie Internationale" à l’Université de Cergy Pontoise. Mais il y a eu une surprise : le covid !!!
Cela a été très compliqué de faire de l’apprentissage dans ces conditions.
A l’université on a eu des périodes où les cours étaient parfois en visio et des périodes où lors se retrouvait en présentiel.
Aucune entreprise ne voulait embaucher. J’ai trouvé une alternance dans un hôtel 3 étoiles, un hôtel indépendant. Je ne serais pas forcément allée vers cette entreprise sans le covid, car je souhaitais travailler dans un palace. Mais je suis contente d’avoir eu cette expérience, même si maintenant je suis en poste dans un hôtel 5 étoiles. Cela m’a appris à être plus polyvalente.
Ensuite, j’ai réfléchi à l’option du master. Mais ce n’était pas ma volonté de poursuivre. Je préfère maintenant me consacrer à acquérir de l’expérience professionnelle. C’est plus concret. Plus tard peut-être, je retournerai en formation de Master, si j’en ai besoin.
MGACF : Ce sera la première fois que la France participera à la compétition mondiale pour le métier de réceptionniste. Quelles conséquences cela a-t-il sur votre préparation, vos attentes et celles des personnes qui vous accompagnent ?
LH-P : Le métier de réceptionniste existe en compétition worldskills depuis plusieurs années au niveau européen. A Kazan en 2019, il n’y avait pas de compétiteurs français. Mais, cela ne change pas mes objectifs. Je veux être championne du monde !!!
Pour moi et l’équipe métier, cela a été difficile car on part d’une page blanche. On a demandé conseil à des professionnels. On s’est basé sur des standards internationaux. On a aussi eu l’occasion de participer à des finales d’autres pays (Croatie, Suisse). Cela permet de comprendre et de se positionner.
On a étudié le sujet de l’épreuve de Kazan. Les situations présentées pour le concours étaient assez basiques. Ce qui n’empêche pas la difficulté pour les réaliser parfaitement. Par exemple le cas d’un client qui demande qu’on lui procure l’édition rare d’un ouvrage ancien.
Comme, je n’ai pas le sujet en entier, il me manque notamment le texte des acteurs, c’est donc un peu plus difficile pour moi de reproduire exactement à l’entrainement ces situations.
L’évaluation du jury comporte une partie « mesurement » de type binaire (fait/non fait – correct-Non correct) et une partie « judgement » où les membres du jury évaluent le relationnel, l’empathie, la confiance en soi... du candidat. L’objectif est d’obtenir le maximum de points. Ce second volet est un peu plus difficile à travailler. Pour cela, je m’entraine pour améliorer ma façon de m’exprimer. Je prends des cours de théâtre, d’anglais et avec l’équipe nous faisons des jeux de rôle.
Lors des compétitions à Kazan, des membres de l’équipe métier sont allées assister aux épreuves. Nous avons aussi discuté avec le compétiteur qui était aux EuroSkills de Graz en 2021 et avec d’autres personnes qui ont participé à des concours professionnels.
MGACF : Qui vous accompagne pour préparer ces worldskills ?
LH-P : Principalement, mon binôme Muriel Majorel, experte internationale. L’équipe métier est plus diffuse. Il y a mon coach, Véronique Lemasson ainsi que des professionnels qui m’ont accompagné lors de plusieurs entrainements, à Paris et à Lyon notamment. Toutes ces choses cumulées permettent de se préparer au mieux.
Il y a aussi tout ce que nous faisons en équipe de France des métiers au sein du pôle service (service en salle, infirmier, fleuriste, art floral, soins esthétiques, métiers du numérique... Même si nous ne sommes pas tous ensemble dans la compétition. Le fait d’avoir tous ces candidats de métiers de service différents permet de réfléchir et de progresser sur des thématiques transverses, comme le contact avec la clientèle, par exemple.
MGACF : Des Sponsors ?
LH-P : L’UMIH Rhône-alpes m’a soutenue pour avoir des cours d’anglais. Grace à l’OPCO, mes jours de jours de congés et les déplacements sont financés.
Pour les tenues professionnelles : c’est en cours…
Pour les stages d’entrainement en entreprise, mon employeur me soutien.
MGACF : Pouvez-vous me raconter le truc le plus incroyable que vous ayez fait quand vous étiez apprentie ou lors de votre préparation aux worldskills ?
LH-P : Par exemple lors de la compétition nationale, j’ai dû faire face à une situation où un client s’est cassé la jambe ! Il fallait appeler les pompiers, prévoir l’accès à la chambre malgré les escaliers et plein de choses d’autres à anticiper et organiser… Sur le moment, j’étais tellement désolée pour sa jambe cassée !!! J’étais totalement investie. J’ai même commencé à m’en faire pour de vrai pour ce client. J’ai vécu intensément cette situation. Si bien que lorsque j’ai recroisé l’acteur après la compétition, j’ai failli lui demander comment allait sa jambe cassée !!!
MGACF : La période du covid a particulièrement perturbé le déroulement de votre expérience de formation en apprentissage. Mais de votre point de vue, comment un CFA peut aider un candidat à préparer les championnats de France et les worldskills 2024 ?
LH-P : Mon école était l’université de Cergy-Pontoise et le CFA SACEF. A cause du covid, je n’ai pas eu beaucoup de relation avec eux. Mais dans un monde idéal, les CFA et les écoles sont très importantes pour donner l’information sur les Worldskills. Ensuite, ils ont un rôle à jouer pour mettre des professionnels et des locaux à disposition ainsi que pour accompagner les jeunes dans leur préparation.

MGACF : Une chose importante à rajouter ?
LH-P : Quand on est sûre de ce que l’on veut faire, il faut y aller. Ne pas hésiter. Chacun à son parcours. Il y a toujours les moyens de rebondir. Il faut tenter. Ne pas culpabiliser pour son parcours de formation. Ce n’est pas grave de s’arrêter en Master.
Je pense aussi à ceux qui se reconvertissent ou qui changent d’orientation. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas 15 ans qu’il ne faut pas faire d’apprentissage.
Mais concernant les Worldskills, en quoi les CFA ont-ils intérêt à s'y investir davantage ?
Une occasion d’illustrer certaines techniques et de créer des vocations !
Ces concours sont une célébration de l’excellence, une occasion unique de partager des connaissances et de valoriser la formation en apprentissage. Alors MGACF vous invite à suivre avec vos apprentis les épreuves de la compétition en ligne ou mieux à vous rendre avec vos jeunes apprentis à Bordeaux pour assister en live aux réalisations des compétiteurs. Le retour sur investissement est garanti tant les implications pédagogiques que l’on peut en faire sont larges.
Une occasion unique de valoriser votre CFA et votre équipe enseignante et d’en faire bénéficier vos apprentis et candidats à l’apprentissage
Les CFA ont intérêt à présenter des candidats, et à devenir ambassadeurs WorldSkills, ils renforcent leur impact sur la valorisation des métiers, de l’excellence, des savoir-faire français, des voies de formations professionnelles, de la mixité et de la diversité. En assurant la promotion de leurs politiques (nationales, régionales ou métiers) grâce à la promotion de WorldSkills France, les CFA renforcent leur visibilité auprès des jeunes, des entreprises et des partenaires institutionnels. Et vice versa : c’est du gagnant-gagnant ! D’ailleurs, on vous invite à découvrir le kit pédagogique mis à disposition par l’association. https://www.worldskills-france.org/la-competition/kit-pedagogique Construit en partenariat avec l’ONISEP, c’est un outil de découverte des métiers à travers la voie de l'excellence professionnelle. Il a été conçu à destination des publics scolaires mais aussi de toute personne en réflexion sur son projet professionnel. Enfin, pour optimiser la préparation des compétiteurs francais, Worldskills France noue des partenariats avec des centres de formation, appelés « Centre d’Excellence Worldskills France ». Ce sont pour la plupart des centres de formation d’apprentis. Ces établissements ont pour principale mission d’organiser les stages de perfectionnement d’une durée de trois semaines (minimum) non-consécutives, encadrés par leurs experts et des professionnels du métiers reconnus.
Toutes les régions ne sont pas impliquées, les CFA ont intérêt à agir !
Chacune des régions participantes à la WorldSkills Competition peut sélectionner un candidat dans les métiers retenus pour la compétition nationale. Pour qu’un métier soit retenu pour la compétition, il faut que 6 régions présentent au moins un candidat. Le Compétiteur est obligé de concourir dans la région dans laquelle il est formé ou salarié, il n'est pas possible de concourir dans plusieurs régions. Or beaucoup de régions ne sont pas encore engagées sur cette compétition. Les CFA peuvent agir pour inciter les régions à organiser les championnats régionaux des métiers et présenter des candidats aux concours nationaux. Un bon thème pour vos réponses à appel à projet régionaux !
Les inscriptions pour la prochaine compétition, c’est maintenant !
La finale de la c47e édition de la compétition internationale WorldSkills se tiendra à Lyon en 2024 : un événement exceptionnel à ne surtout pas manquer ! Le nouveau cycle d’inscriptions a donc débuté depuis plusieurs mois et va très bientôt se clore ! C’est assez simple de s’inscrire comme participant, mais attention aux conditions d’âge et au calendrier ! Le principe c’est qu’il faut avoir moins de 23 ans au moment de l’inscription (sauf dans certains métiers…). Quant aux dates d'ouverture et de clôture des inscriptions et l’éventail des métiers en compétition, ils sont propres à chaque région ! Vous trouverez ici les instructions https://www.worldskills-france.org/la-competition et le lien pour s’inscrire et participer à la compétition Worldskills : https://inscription.cofom.org/inscription/candidat/