by Mathieu Guyot
Ça n’aura échappé à personne, la période estivale arrive.
Certains candidats vont partir en vacances l’esprit tranquille, avec un contrat déjà signé, et les yeux tournés vers la rentrée.
Mais d’autres vont devoir continuer de chercher. Avec cette deadline qui se rapproche, et ces entreprises, elles aussi en congés, qui répondent encore moins.
Ils vont participer à des salons, à des journées portes ouvertes, et vont devoir inlassablement répondre lors des repas de famille que non, ils n’ont pas encore trouvé, et oui, ils sont allés voir sur LinkedIn.
Pour les aider, les ateliers de techniques de recherche d’emplois organisés par les CFA les plus dévoués vont se multiplier.
Comment faire un joli CV ?
Comment utiliser ChatGPT pour optimiser sa lettre de motivation ? (Après tout, pourquoi pas ?)
Mais ne nous le cachons pas. Ces ateliers ont de plus en plus de mal à mobiliser les foules.
On a beau tenter la visio, le travail collaboratif, le bootcamp. Les personnes présentes en profitent, certes, mais combien d’absents ?
Alors que faire ?
Arrêter l’accompagnement ? Vous le savez, ce n’est pas notre style d’abandonner.
Continuer comme on a toujours fait, en se disant que c’est dommage ? Pareil, nous ne fonctionnons pas comme ça.
Alors on vous propose de changer un peu de sujet d’accompagnement.
Car c’est bien beau d’avoir un joli CV, mais si on ne parvient pas à être percutant quand on rencontre le recruteur, ou quand on s’adresse à un exposant sur un salon, à quoi sert-il, ce joli CV ?
On va donc parler d’art oratoire.
L’art oratoire, dit plus simplement, ce sont les compétences de prise de parole en public.
Pourquoi c'est important dans l'accompagnement des candidats ?
Parce qu’ils doivent transmettre le plus clairement possible et le plus rapidement possible les idées avec le plus d’impact
Parce qu’ils doivent persuader leur interlocuteur qu’ils méritent d’aller plus loin dans le process de recrutement
Parce que s’ils évitent de bafouiller toutes les trois phrases, ils auront plus facilement confiance en eux, et c’est une qualité qui est recherchée dans le recrutement
Parce que les candidatures d’apprentis se ressemblent, et qu’une bonne prise de parole leur permettra de sortir du lot
Parce qu’au pire ils laisseront une bonne image, ce qui aidera les recommandations et les mises en relation éventuelles
On vous a convaincu ? Alors passons à l’étape suivante, le « comment accompagner les candidats à développer leurs compétences en prise de parole ? »
Vous avez une question relative à l'apprentissage, vous souhaitez recruter un apprenti, ou vous former pour devenir incollable sur le sujet ?
Ce n’est pas un domaine dans lequel j’excelle, je me suis donc fait aider par deux spécialistes en la matière, Marc Baudy et Bertrand de Belmont.
Marc Baudy (MB) est consultant en communication. Il accompagne des professionnels dans leur communication orale et écrite. Conférencier depuis 20 ans, il a déjà présenté plusieurs centaines de conférences devant un public allant jusqu’à 10 000 personnes. Traducteur, coach vocal, consultant médical, Marc s’est enrichis de nombreuses expériences au cours de son parcours.
Bertrand de Belmont (BB) est coach professionnel certifié et formateur individuel et collectif. Comédien et violoncelliste amateur depuis sa jeunesse, il s’est particulièrement intéressé à la voix et ses incroyables effets sur le message porté. Il a ainsi conçu une formation sur 2 journées (La Voix comme instrument de confiance en soi) qu’il décline selon les besoins en atelier court ou en accompagnement individuel à la prise de parole. Le corps, les émotions et la voix sont selon lui les ingrédients presque magiques d’une prise de parole réussie.
Il faut déjà resituer le contexte. Les candidats n’auront, normalement, pas de conférence à faire devant 10 000 personnes. Ils auront bien souvent à prendre la parole devant une à trois personnes.
Ce point est important car on n’agit pas de la même manière. Il faut créer un climat de confiance, comme un échange. Je répète assez souvent que l’acte de candidature est un acte de prospection. Et la vente, c’est l’art de donner assez confiance à l’acheteur pour qu’il se décide.
BB : Le climat de confiance se crée dès l’entrée en scène, si je peux dire : - Leur tenue vestimentaire, leur démarche, leur énergie - La manière dont ils se déplacent, leur ancrage physique (c’est à dire la conscience qu’ils ont de leur verticalité et de leurs appuis sur le sol) - Le contact visuel qu’ils ne manquent pas d’avoir avec chacun de leurs interlocuteurs - Leur respiration calme et assurée - Le silence qu’ils gardent consciemment pour prendre le temps d’installer la relation Tous ces points importent dans le climat qu’ils proposent pour instaurer la confiance mutuelle.
Ensuite, l’importance du sujet. Ils vont parler d’eux. Pas d’un sujet quelconque. Pas d’un fait d’actualité ou d’une leçon d’histoire. Ils vont parler d’eux ! Ils se connaissent par cœur, et peuvent être amenés à plus préparer la forme que le fond. Or, en art oratoire, les deux ont leur importance.
MB : Parfois, c’est difficile de faire le tri quand on parle de soi. Parce qu’on est attaché affectivement à des idées. Mais il faut être capable de sélectionner soigneusement comment on va se présenter et quelles informations on va mettre en avant. Pour ça, il faut bien réfléchir à notre interlocuteur, à ce qui l’intéresse. Il faut présenter des arguments logiques et convaincants, mais aussi des éléments qui font appel à l’émotionnel. Un savant dosage pour une excellente recette.
Enfin, comme souvent dans le développement d’une compétence, la répétition est la clé. Il faudra plusieurs essais, voire plusieurs échecs, avant de parvenir à une prise de parole efficace. Certains seront plus à l’aise, mais ils ne doivent pas tomber dans le piège du bon élève. Il faut continuer de travailler, et demander le plus de feedbacks possibles.
BB : Mais comment répéter ou se préparer ? Tout d’abord quelques exercices pour réveiller la voix. - Le premier : bailler… C’est la première chose à faire avant de s’aventurer dans une pise de parole. Et bailler vraiment. A s’en décrocher la mâchoire . Quel intérêt ? Cela réveille les muscles du visage qui sont primordiaux pour la formation des sons. Si on s’autorise à sortir des sons lors du baillement, cela réveille aussi doucement nos cordes vocales qui sont à la base de notre voix et donc de notre message. - Le deuxième exercice : lire avec un crayon dans la bouche. Cela oblige à articuler le plus et le mieux possible. L’articulation rend nos paroles compréhensibles. Un manque d’articulation peut limiter l’impact de notre message. - Enfin, un dernier exercice : « je veux et j’exige d’exquises excuses ». Cette phrase de virelangue comme il en existe beaucoup d’autres, est parfaite pour se préparer à une prise de parole. Elle exige de prendre son temps, de respirer, d’articuler. Il s’agit de la répéter jusqu’à ce qu’elle sorte le plus naturellement, aisément, facilement. D’autres phrases sont passionnantes : « je suis chez ce cher Serge », ou les éternelles « les chaussettes de l’archiduchesse etc… ».
Ceci étant dit, comment les aider à développer cette compétence ?
Je veux dire, concrètement, que peut-on mettre en place ?
Le sujet étant assez vaste, on va pouvoir déployer toute notre imagination pour faciliter la montée en niveau :
Les groupes de paroles
Apprendre à exposer son point de vue, argumenter, et rebondir sur les propos de son interlocuteur
MB : C’est un bon exercice pour commencer. On est moins exposé. On peut parler quand on le souhaite. Pour les plus timides, c’est une très bonne première approche.
Le personnal pitch
Apprendre à mettre en avant rapidement ses points forts et donner envie à son interlocuteur d’en apprendre plus
MB : L’entraînement avec un coach ou avec un membre de la famille est particulièrement utile. Il fait monter la pression, reproduit les conditions de stress pour apprendre à mieux les appréhender.
Le théâtre
Pour la posture physique, la gestion de la voix et le regard
MB : C’est un moyen extrêmement efficace pour apprendre à se confronter aux autres. Le théâtre aide également à explorer le champ des possibles au niveau de la voix, du jeu, de la modulation. C’est un excellent levier pour être plus à l’aise à l’oral.
Le théâtre d’improvisation
Pour ne pas se laisser perturber par l’inattendu
MB : Là, on est vraiment sur du haut de gamme. Ceux qui peuvent le faire devront faire attention que leur capacité à parler en public ne soit pas desservie par leur spontanéité. Il faut garder une approche structurée et logique.
Et peut-être le plus dur, le plus horrible des exercices :
La vidéo
Il va falloir s’entendre et s’écouter. Bon courage.
MB : Personne n’aime se voir en vidéo. Mais c’est l’outil le plus efficace pour progresser. La vidéo ne ment pas. Elle n’a pas de filtre. Elle te présente tel que tu es. C’est violent, mais c’est un moyen extrêmement efficace de progresser rapidement.
Mais les efforts seront récompensés si cette aisance oratoire permet à vos candidats de faire la différence et de marquer les esprits des recruteurs. Et qui sait, peut-être cela donnera envie à certains professeurs de s’intéresser au sujet 😉
Nous remercions une nouvelle fois Marc Baudy et Bertrand de Belmont pour leur expertise !
Si vous souhaitez entre en contact avec eux :
Marc Baudy est présent sur LinkedIn et propose un Bootcamp Perfect Pitch !
Bertrand de Belmont est présent sur LinkedIn et possède une page entreprise pour sa société BdB ACCOMPAGNEMENT ET COACHING !
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